Editions : Acte Sud-Babel (2000)
Nbre de pages : 520
Résumé :
Aux alentours de l'an mil de notre ère, un jeune indien Béothuk, Anin, fait le tour de ce qu'il croit être “le monde” : l'île de Terre-Neuve. Ce périple, et sa rencontre avec les Vikings établis au nord de l'île, ouvrent brusquement, pour lui et son peuple, l'espace de la géographie et de la civilisation. Fondateur d'un nouveau clan, Anin est l'ancêtre de tous les personnages dont la geste de huit siècles, ici racontée à plusieurs voix, finit par former, jusqu'au terme d'un lent et inexorable génocide, la saga d'une nation aujourd'hui disparue.
Mon avis :
On suit ici l'histoire d'un peuple autochtone des Béothuks qui, par la force des choses, a été amené à disparaître suite à la colonisation de l'île de Terre Neuve.
L'auteur nous fait un récit sur un peu plus de 800 ans, se terminant par le décès de la dernière descendante de ce peuple, Shanawditith, en 1829 des suites de la tuberculose.
Ce livre n'a pas été un coup de coeur. Malgré tout, il ne m'a fallu que 2 jours pour en venir à bout.
Au départ, j'ai eu beaucoup de mal avec les termes béothuks utilisés par Bernard Assiniwi mais au final on s'y fait et cela donne une dimension très réelle à ce que nous vivons en avançant dans l'ouvrage.
On ne parle pas de jour mais de soleil en terme de temps; on ne parle pas d'année mais de cycle des saisons.
Autant dire que quand on a compris comment prendre cet ouvrage, on le lit facilement et on se laisse emporter par ce que nous raconte l'auteur.
On vit les scènes au travers de plusieurs personnages : Anin, le fondateur du clan, puis ses descendants : A-Enamin, Ooish, Wonaoktaé, Shanaditith (pour ceux dont j'ai retenu les noms mais il y en a bien d'autres).
Certains moments sont superbes à lire : comment vivent-ils ? quelles sont leurs us et coutumes ? quelle est la place de l'homme par rapport à la femme ? …
Autant de questions dont les réponses nous sont données et qui méritent qu'on s'y attarde. On s'aperçoit alors que ce peuple autochtone était loin d'être aussi sauvage que ce que les colonisateurs le pensait.
Leur style de vie était bien différent de ce que les Blancs avaient l'habitude de voir mais cela ne leur enlevait pas l'attachement qu'ils éprouvaient envers leur conjoint, leurs enfants, leur famille. Ils étaient beaucoup plus attachés à leur clan que ce que nous pouvons l'être !
D'autres passages sont plus difficiles avec les massacres perpétrés par les Blancs sur ce peuple. Certaines scènes m'ont vraiment écoeurée (par exemple, une jeune femme enceinte se fait éventrer par un chasseur de fourrure et le foetus est mis sur le bout d'un baton !)
On peut difficilement accepter ce que ces hommes ont infligé à ce peuple. J'ai été choquée de lire de telles atrocités et ce n'est malheureusement pas la seule chose qu'ils aient faites.
Même s'il faut se placer dans le contexte de l'époque, j'avoue que j'ai du mal à adhérer à de telles choses car finalement le génocide existe toujours : il y a eu bien sûr celui exercé par Hitler lors de la Seconde Guerre Mondiale, mais encore plus près de nous, n'oublions pas celui du peuple rwandais dans les années 1990.
Même si l'ouvrage porte sur un passé très lointain, il n'en demeure pas moins que certains faits continuent d'exister aujourd'hui et qu'il est donc inacceptable de lire de telles horreurs.
La saga des Béothuks est un très bon ouvrage pour se rendre compte de ce qu'était la vie de ce peuple avant l'arrivée de l'homme blanc mais aussi et surtout pendant et après la colonisation de cette île qu'est Terre-Neuve.
J'ai lu cet ouvrage grâce à Suzanne qui avait été très touchée par sa lecture et j'ai décidé d'en faire mon premier livre pour le défi “La plume québécoise”. Je ne regrette absolument pas mon choix et je vous invite à vous plonger dans ce récit pour vous immerger dans la vie de ce peuple hors du commun mais qui, par la faute de l'homme blanc, a disparu de la civilisation.
Quelques extraits :
“Anin chassait Mamchet le castor, Kosweet le caribou et Odusweet le lièvre, en plus de tendre des pièges et des filets pour prendre Zoozoot la lagopède et les bouboushats du lac. Woasut dépeçait le gibier, séchait et fumait leur chair, entassait le tout dans des contenants d'écorce, confectionnait les vêtements chauds, isolait le mamatiks à l'aide de mousse séchée et rendait le lieu d'habitation le plus confortable possible en prévision de la période des neiges et du froid. Avant la tombée du jour, elle ramassait aussi le bois mort et l'entassait près du mamatik. Elle en avait besoin pour entretenir les feux servant à sécher et à fumer la viande et accumulait le reste pour chauffer l'habitation pendant la saison de la neige et du froid” (p. 70)
“L'homme la saisit par les cheveux de la main gauche et de la main droite, son grand couteau à la main, il ouvrit le ventre de la femme encore vivante et se débattant. Il se pencha alors, plongea les mains dans le ventre sanglotant de Basdic, en sortit le foetus, le fixa au bout du bâton avec lequel la jeune épouse de Bawoodisik creusait le sable pour trouver les coques. Puis, il leva le bâton au-dessus de sa tête pour le porter comme un flambeau. Plusieurs autres hommes arrivèrent en courant, félicitant l'Anglais d'avoir réussi cet exploit digne d'un grand guerrier : éventrer une femme vivante et exhiber un foetus de Béothuk” (p. 352)
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