vendredi 28 janvier 2022

Revenir à Berlin

 


Auteur : Jonathan Lichtenstein
Editions : JC Lattès (Janvier 2022)
Nbre de pages : 336 (format papier)




Présentation de l'éditeur :

1939. Hans, le père de Jonathan Lichtenstein, arrive en Grande-Bretagne après avoir échappé à l’Allemagne nazie grâce au dernier convoi du Kindertransport. Presque tous les membres de sa famille étant morts durant l’Holocauste, il reste en Angleterre, où il tourne le dos à sa culture juive allemande. Toute sa vie, Jonathan peine à comprendre ce père taiseux, au comportement erratique.
À l’aube de ses quatre-vingts ans, Hans accepte d’affronter les démons de son passé. Le père et le fils entreprennent alors le voyage inverse jusqu’à Berlin et abordent les questions trop longtemps laissées en suspens.
Entre road trip, souvenirs d’enfance et secrets de famille, Revenir à Berlin offre une leçon de mémoire tout en explorant ces traumatismes qui se transmettent de génération en génération. Une oeuvre singulière, édifiante et poignante.


Mon avis :

Ce récit et non roman me tentait vu la thématique qui me tient toujours à coeur de lire pour ne pas oublier.

J'étais à la fois curieuse et anxieuse de lire un témoignage sur ces enfants ayant dus quitter famille et pays pour survivre seuls.

J'avoue que je suis restée très extérieure à ce qui m'était raconté. Il faut dire que les protagonistes n'ont pas de relation affective intense.

Hans Lichtenstein a vécu des moments horribles et s'est endurci pour survivre. On le ressent par la façon dont il élève ses enfants. C'est à travers la narration de Jonathan qu'on le découvre.

Je m'attendais à avoir un récit chronologique de ce que ce père avait enduré et je me suis honteusement trompée.

En fait, le livre part dans tous les sens côté temporel et je m'y suis perdue plusieurs fois.

Le moment qui m'a le plus touchée fut, bien sûr, celui où Hans revient à Berlin et fait le tour des quartiers qu'il connaissait et dont il gardait des souvenirs heureux. Excepté celui de la visite d'un camp, bien sûr. A ce moment, on retient sa respiration. On observe cet homme et son comportement. Et on serait sur le point de s'effondrer alors que lui reste d'un calme impressionnant. Il s'est forgé une carapace depuis tout ce temps...

J'ai bien compris que Jonathan cherchait à se rapprocher de ce père qui avait mis des limites dans son affection. Ce père dont il se faisait une fausse idée.

Le voir revenir dans son pays et sa ville a permis à Jonathan de se faire une autre idée de son père, de mieux le comprendre sans forcément accepter la façon dont il a réagi par la suite avec ses propres enfants. Une façon de se protéger. Une difficulté de s'extérioriser après l'horreur vécue.

Même si j'ai ressenti tout ce que Jonathan a vécu, a ressenti au long de son enfance qu'il nous détaille beaucoup et ce que cela a entraîné, je ne peux pas dire que ce livre m'aura touchée au plus profond. Je ne pense pas en garder un souvenir impérissable et cela me rend tellement triste vu l'histoire de Hans.




mercredi 26 janvier 2022

Changer l'eau des fleurs


 



Auteure : Valérie Perrin
Interprété par : Françoise Cadol
Editions : Audiolib (décembre 2021)
Editions papier : Albin Michel (2018)
Durée de lecture : 14h 43 min


Présentation de l'ouvrage :
Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café qu’elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu’un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l’on croyait noires, se révèlent lumineuses.
Après l’émotion et le succès des Oubliés du dimanche, Valérie Perrin nous fait partager l’histoire intense d’une femme qui, malgré les épreuves, croit obstinément au bonheur. Avec ce talent si rare de rendre l’ordinaire exceptionnel, Valérie Perrin crée autour de cette fée du quotidien un monde plein de poésie et d’humanité.


Mon avis :

Cela fait très très longtemps que j'entends parler de ce roman sans que j'ai réellement l'envie de franchir le pas pour le découvrir à mon tour. C'est grâce à Audiolib et Netgalley que c'est maintenant chose faite et quelle merveille !

Violette Toussaint est garde-cimetière et elle va, tout au long de ce livre, nous raconter ce qu'a été sa vie. Celle de son enfance, de son passage à l'âge adulte, de sa rencontre avec son mari, comment elle est devenue garde-barrière puis garde-cimetière et enfin la naissance de sa fille, Léonine.

Je crois que sans l'interprétation de Françoise Cadol, j'aurais trouvé ce roman touchant et intéressant à lire mais sans plus. La voix de Françoise Cadol donnant vie au personnage de Violette, notamment, m'a littéralement transportée dans cette histoire.

C'est un roman qui pourrait être basique puisqu'on suit une femme totalement banale et qui fait un métier que peu de gens envient.

Et pourtant, à travers elle, on va découvrir le beau, le touchant, le rigolo mais aussi des secrets, des tragédies.

Et c'est avec une voix qui vous emporte que Françoise Cadol a su merveilleusement m'accrocher à cette histoire.

L'histoire d'une vie qui pourrait être la mienne, la vôtre.

On aime Violette dès le départ. On rejette très vite son mari, Philippe.

Mais Valérie Perrin n'a pas dit son dernier mot.

Tout est très bien mené. Tout est très bien dosé. Tout est surprenant.

J'ai eu des moments d'euphorie, de franches rigolades avec Nono, l'un des fossoyeurs. J'ai terminé les larmes aux yeux.

Ce livre regorge de beaucoup d'émotions qui ne laissent pas insensible. Il est beau, triste, cruel mais aussi plein d'espoir. En bref, tout ce qui fait une vie.

Pour moi, Violette Toussaint vivra à travers la voix de son interprète, Françoise Cadol, qui l'a merveilleusement jouée et l'a rendue si vivante, si réelle. J'avais d'ailleurs l'envie de la rejoindre. Boire un thé avec Violette en échangeant quelques mots.

Si le roman en tant que tel est très beau à découvrir, je dirai que la version audio est l'une de mes plus belles découvertes. J'ai rarement des coups de coeur mais je dois bien avouer que Changer l'eau des fleurs sera le premier de l'année. Alors, merci à Valérie Perrin. Merci à Albin Michel. Merci à Audiolib et merci à Netgalley de m'avoir permis cette belle aventure.



vendredi 21 janvier 2022

Les temps ultramodernes

 

 

Auteur : Laurent Genefort
Editions : Albin Michel Imaginaire (2022)
Nbre de pages : 458



Présentation de l'éditeur :

En 1895, d'énormes gisements de cavorite, un métal capable d'annuler la gravité, sont découverts. C'est le début d'une conquête massive des airs et de l'espace. Des paquebots volants relient les capitales ou voguent jusqu'à une Mars colonisée. Mais vingt-cinq ans plus tard, les réserves s'amenuisent et les empires occidentaux luttent pour récupérer les dernières miettes du précieux métal.


Mon avis :

Cavorite : minerais dont est extrait le cavorium.
Cavorium : substance antigravitationnelle qui, alliée à un autre métal (fer, aluminium...), permet aux véhicules de voler.

La cavorite est un minerais inventé par H.G Wells dans son roman Les premiers hommes dans la Lune, paru en 1901. Après avoir lu ce roman de Laurent Genefort, j'ai très envie de me pencher sur celui du créateur de la cavorite.

Nous avons ici un roman choral où nous allons suivre cinq personnages :
* Renée, une jeune institutrice quittant sa province pour aller vivre à Paris, espérant trouver un poste là-bas. Sa rencontre brutale avec un Martien va bousculer sa vie.
* Marcel, un chirurgien déchu qui sera recruté par une Société secrète afin de mener des expériences sur Mars.
* Maurice, un commissaire qui mènera une enquête sur la cavorite aux côtés d'une journaliste scientifique, Marthe.
* Georges, un jeune artiste venu à Paris, qui espère percer dans ce monde très fermé et particulier.

Globalement, j'ai trouvé le roman intéressant et surtout j'ai adoré l'histoire de la cavorite. D'ailleurs, le roman est accompagné d'un petit fascicule, Abrégé de cavorologie, que j'ai lu en amont pour en savoir plus sur ce minerais.

Mais je l'ai trouvé plutôt inégal parce qu'il est un peu long à démarrer (mais il faut bien placer ces personnages dans leur contexte); un milieu plein d'action ce qui rend la lecture très productive et une fin, par contre, trop rapide.

En fait, et allez savoir pourquoi, j'étais persuadée que ce livre était un premier tome. Du coup, je ne me suis pas posée de question sur la lenteur du départ. Je me disais que c'était un tome de mise en place. Mais petit à petit, je me suis rendue compte que les choses s'accéléraient pour aller beaucoup trop vite à la fin et j'ai trouvé cela dommage.

Les histoires que l'on suit sont prenantes, exceptée celle de Georges qui m'a un brin perdue, les autres sont très intéressantes à suivre.

Celle concernant Marcel est horrible d'ailleurs et même si celle de Renée peut un peu choquée par la façon dont fait cette institutrice n'est cependant pas dénuée d'intérêt. N'oublions pas que nous sommes en 1925 et que les agissements d'hier ne sont pas les mêmes que ceux d'aujourd'hui en matière d'enseignement...

L'auteur va parler de beaucoup de thèmes dans ce roman dont l'esclavagisme, l'évolution technologique avec la cavorite et tout ce que cela implique, le racisme...

J'ai trouvé certains passages plus longs que d'autres mais pour autant je me suis toujours laissée prendre par cette lecture. Même si j'avais des petits passages à vide avec Georges, mon regain reprenait dès que je le quittais.

Pour autant, je suis un peu déçue par cette fin accélérée. J'aurais aimé que l'auteur prenne un peu plus de temps quitte à faire un dyptique plutôt qu'un one-shot. Qu'il développe certains passages et que l'on vive davantage d'aventures avec les Orloors, les martiens, qui finalement sont peu mis en avant sur leur propre planète.

dimanche 9 janvier 2022

Celui qui veille

 



Auteure : Louise Erdrich
Editions : Albin Michel (2021)
Collection : Terres d'Amérique
Nbre de pages : 542

 PRIX PULITZER 2021 


Présentation de l'éditeur :

Dakota du Nord, 1953. Thomas Wazhashk, veilleur de nuit dans l’usine de pierres d’horlogerie proche de la réserve de Turtle Mountain, n’est pas près de fermer l’œil. Il est déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, car il sait bien que ce texte est en réalité une menace pour les siens.
Contrairement aux autres jeunes employées chippewas de l’usine, Pixie, la nièce de Thomas, ne veut pour le moment ni mari ni enfants. Pressée de fuir un père alcoolique, insensible aux sentiments du seul professeur blanc de la réserve comme à ceux d’un jeune boxeur indien, elle brûle de partir à Minneapolis retrouver sa sœur aînée, dont elle est sans nouvelles.
Pour « celui qui veille », n’ayant de cesse d’écrire aux sénateurs dans le but d’empêcher l’adoption de la loi, quitte à se rendre lui-même à Washington, comme pour Pixie, qui entreprend le premier voyage de sa jeune existence, un long combat commence. Il va leur révéler le pire, mais aussi le meilleur de la nature humaine.

Inspirée par la figure de son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich nous entraîne dans une aventure humaine peuplée de personnages inoubliables. Couronné par le prix Pulitzer, ce majestueux roman consacre la place unique qui est la sienne dans la littérature américaine contemporaine.


Mon avis :

Cela fait des années que je vois passer le nom de Louise Erdrich, sans avoir le bon sens de la découvrir. C'est aujourd'hui chose faite avec un titre qui m'inspirait vu la thématique abordée mais aussi le côté personnel pour l'autrice.

Je m'attendais, avant de lire ce roman, à avoir une lecture dynamique, tant dans les actions pour éviter ce projet de loi horrible pour les indiens que dans les échanges avec le gouvernement américain lors des réunions qui ont eu lieu.

Ce roman n'est pas tout à fait comme je l'avais imaginé. Pour autant, il n'est pas dépourvu d'intérêt et j'ai suivi avec envie, résignation, mépris pour l'homme blanc et compassion pour ces indiens, l'histoire de ces tribus et de celle de la réserve de Turtle Mountain.

L'écriture est fluide et vraiment très agréable. Je pensais que ce serait un peu plus ardu à suivre mais pas du tout.

Les personnages, eux, sont intéressants à découvrir et j'ai aimé voir ce qu'ils allaient devenir face à ce projet du gouvernement fédéral mais pas que puisqu'on les suit dans leur quotidien.

Pourtant, j'ai surtout senti que ce roman était davantage un hommage au grand-père de l'autrice et j'ai ressenti le côté sentimental plus que combatif. Je ne minimise pas ce que ces indiens ont réussi à faire mais on ne le vit pas à 100%.

L'autrice nous fait vivre à leurs côtés durant un peu plus de 500 pages avec les envies, les regrets, les espoirs des uns et des autres. On a le côté chamanique bien sûr que j'aime tellement et que j'attends forcément quand je lis un roman sur les indiens.

D'un autre côté, elle met en avant ces hommes blancs qui croient que tout leur est dû et quelques passages m'ont beaucoup marquée : celle où il est question de "termination" pour les indiens mais également celle où on pause la "problématique" indienne dans le sens contraire. Et si c'était les indiens qui avaient conquis l'Europe et qui décidaient de réduire les autochtones à pas grand'chose ? Comment ces derniers réagiraient-ils ?

C'est une question que je me suis posée avant même que l'autrice en face part dans son livre. C'est une question que je me suis toujours posée depuis que, adolescente, je me suis penchée sur l'invasion des Amériques par les hommes blancs !

Louise Erdrich écrit admirablement sur le "problème" indien et le combat qu'ils ont mené et mènent encore aujourd'hui. Je vous le conseille pour y découvrir ce peuple et ces personnages si attachants et combatifs.

Quant à moi, pour compléter le titre de cette autrice fabuleuse que je compte bien relire avec d'autres titres (si vous en avez, n'hésitez pas à me les proposer), je vais me remettre dans le documentaire Notre coeur bat à Wounded Knee de David Treuer car la cause indienne m'intéresse toujours et m'interpelle.

mercredi 5 janvier 2022

Le sang des bêtes

 



Auteur : Thomas Gunzig
Editions : Au Diable Vauvert (Janvier 2022)
Nbre de pages : 222


Présentation de l'éditeur :

Vendeur dans une boutique de compléments alimentaires hyperprotéinés, Tom est en dépression depuis le cap de la cinquantaine. Un jour, il sauve une femme sans-papiers des mains d'une brute et décide de l'accueillir chez lui. Elle doit cohabiter avec Jérémie, le fils de Tom, et son père, un survivant de la Shoah atteint d'un cancer, tous deux de retour à la maison.


Mon avis :

Je ne connaissais pas du tout l'auteur et je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce roman mais je me disais que j'avais là l'opportunité de faire une nouvelle rencontre. Et c'est avec plaisir que je m'y suis plongée dedans.

La première chose que je peux dire c'est que ce court roman est, malheureusement pour moi, trop court.

L'auteur aborde beaucoup de thématiques que j'aurais aimé voir développer.

De plus, j'ai été très ébranlée, un brin choquée, perdue... par l'apparition de cette femme dans la vie de Tom lorsqu'elle dit ce qu'elle est.

Ai-je bien compris ? Suis tombée dans une dimension parallèle à la nôtre ?

Hummm... J'étais sceptique. Un peu désorientée mais je me disais que l'auteur allait prendre certains chemins et je les attendais...

Bon je les attends encore un peu mais comme j'ai fini ce roman depuis quelques jours je me dis que Thomas Gunzig tenait juste à nous rappeler qui nous sommes et ce que nous sommes dans cette Société de consommation (surconsommation ?!).

Si je n'ai pas adhéré à 100% à ce qui est dit dans ce roman, mon côté pragmatique a eu du mal à se faire à l'histoire qui part un peu dans tous les sens, j'avoue avoir beaucoup aimé l'écriture et avoir envie de poursuivre ma découverte de cet auteur.

J'espère juste que ces autres romans sont un peu plus longs et m'apporteront davantage d'émotions que ce titre là dont je suis restée très extérieure. Je ne me suis d'ailleurs attachée à aucun personnage.

Tout cela est peut-être aussi dû à mon âge vu que j'approche également de la cinquantaine et que j'ai eu du mal à me mettre à la place de Tom ou de son entourage, d'ailleurs.

A mon sens, ce texte est trop court pour m'apporter tout ce que j'attends d'un tel roman : de la réflexion et surtout des réponses. Mais peut-être devons-nous nous-même faire nos propres réponses ?! Peut-être...