mercredi 24 novembre 2021

Le second sommeil

 


Auteur : Robert Harris
Editions : Belfond Noir (2021)
Nbre de pages : 361


Présentation de l'éditeur :

1468. Le père Christopher Fairfax est envoyé dans un village isolé du bout de l’Angleterre pour célébrer les funérailles d’un prêtre décédé brutalement. D’abord saisi par l’accueil glacial des habitants, Fairfax est bientôt effrayé lorsqu’il découvre dans la chambre du défunt toute une collection de livres et d’artéfacts anciens, témoins d’un temps préapocalyptique. Des objets qui auraient dû conduire l’homme de Dieu au bûcher. N’y a-t-il pire péché que celui de la connaissance ? Alors qu’il enquête sur ce prêtre hérétique, Fairfax va s’approcher trop près d’une vérité tenue secrète depuis des siècles – le destin d’un monde englouti par le temps, une civilisation disparue que certains cherchent à raviver pour sortir du noir profond de la nuit…


Mon avis :

J'avais lu en 2010 le fameux Fatherland de l'auteur qui m'avait totalement déstabilisée et j'avais envie de renouveler avec cet auteur. Quoi de mieux que de se pencher sur son dernier né qui m'a, là encore, ébranlée.

Je n'avais pas relu la 4ème et je m'attendais à entrer dans un thriller historique dans lequel il faudrait résoudre un meurtre. Alors oui, meurtre il y a mais la période n'est pas du tout celle à laquelle je m'attendais et ce fut ma première surprise. Il s'agit ici d'un thriller post-apocalyptique mais je n'en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher votre moment de lecture.

J'ai beaucoup aimé être aux côtés du Père Christopher Fairfax, âgé de 24 ans, qui devra célébrer les funérailles du curé d'un village reculé. En fait, si Christopher pensait ne faire qu'un simple aller retour, il va se retrouver dans une histoire à laquelle il ne pourra pas échapper, la curiosité l'emportant sur tout le reste.

Le roman a une intrigue intéressante mais le rythme est plutôt lent et risque de déranger certains lecteurs qui auraient aimé une histoire plus punchy.

Il n'empêche que l'auteur va apporter des raisonnements sur un passé qui nous est propre et qui, irrémédiablement, va nous pousser à nous poser beaucoup de questions.

J'ai beaucoup aimé son point de vue et voir ce que les personnages de ce roman vont en déduire.

Par contre, j'ai été un peu déçue par la fin parce que je m'attendais à avoir certaines réponses qui ne seront pas. Mais, d'un autre côté, vu la tournure du roman, la fin donnée est logique. Tout est parfaitement orchestré et maîtrisé tant du point de vue de l'enquête que de la façon dont les personnages réagissent et agissent.

En bref, ce fut une belle découverte d'un auteur qui me surprend à chaque lecture. Si vous êtes un tantinet curieux, n'hésitez pas à le tenter.

dimanche 14 novembre 2021

Crosroads : La dernière chanson de Robert Johnson

 


Auteur : Hervé Gagnon
Editions : Hugo Roman (2021)
Nbre de pages : 530


Présentation de l'éditeur :

Lorsque l'historien Donald Kane et l'anthropologue Virginia Craft reçoivent la lettre d'une veille dame qui leur offre de venir récupérer les objets ayant appartenu au grand bluesman Robert Johnson, ils n'hésitent pas une seconde. L'histoire du blues pourrait être réécrite ! Mais le contenu de la boîte en fer-blanc les entraîne plutôt dans une spirale infernale aux allures de voyage initiatique. Tandis que le duo de chercheurs suit la piste escarpée que leur indique la mythique trentième chanson de Johnson, recherchée depuis sa mort en 1938, les évènements sordides et les phénomènes inexplicables se multiplient, le surnaturel se trouvant toujours derrière le décor...

Un récit qui se déroule dans l'atmosphère poisseuse du Delta du Mississippi, baigné dans l'ambiance mystérieuse du hoodoo et des vapeurs du bourbon, où le blues résonne à chaque carrefour. On entend le roman autant qu'on le lit.



Mon avis :

J'ai l'habitude de lire Hervé Gagnon dans ses romans historiques que j'adore particulièrement. Lorsque j'ai reçu son dernier roman sans être prévenue, j'ai sauté de joie et j'avais hâte de le découvrir. D'ailleurs, je m'y suis lancée de suite dedans et je l'ai dégusté/dévoré en quelques jours.

La première chose qui m'a changé avec Crossroads c'est la temporalité. Nous sommes ici dans une période contemporaine avec un prologue qui se déroule en 1930 puis la narration passe en juillet 2021. Autant dire que c'était hier...

Robert Johnson
Les personnages, Donald Kane et Virginia Craft, vont se retrouver dans une situation très étonnante puisqu'ils vont se voir remettre par une vieille dame en fin de vie, une boîte en fer qui contient des effets personnels de Robert Johnson, un grand bluesman décédé avant ses 30 ans.

Hervé Gagnon va nous lancer dans une aventure folle et incroyablement prenante.

Parsemé de chansons de blues, nous suivrons Kane et Craft dans une enquête au-delà de la raison et du pragmatisme. Il faut être ouvert d'esprit et croire en certaines choses pour apprécier à sa juste valeur ce que nous allons découvrir.

Le blues est fortement lié à certains mythes et Hervé Gagnon joue magnifiquement avec.


L'intrigue et les personnages sont tellement bien menés et malmenés que l'on a du mal à lâcher le roman.

Nous entendons les chansons; nous avançons avec Donald au coeur de Memphis, sous une chaleur harassante; nous stressons de ce qu'il découvre, lui l'historien, le terre à terre qui ne croit pas en certaines choses. Et pourtant...

Bien que pragmatique comme Donald, j'avoue que je me suis laissée berner par l'auteur parce que je crois en certaines choses. La magie noire en fait partie. L'histoire de Robert Johnson m'était inconnue mais Hervé Gagnon la rend tellement surnaturelle bien que réelle que ça en est flippant.

Que peut-on dire de Virginia qui accompagne Donald et qui a toujours vécu dans le Delta, au coeur de ces mythes et d'une grand-mère qui pratique le hoodoo.

J'ai tout simplement adoré ce que j'ai lu. J'ai voulu y aller doucement pour déguster chaque page, chaque chanson, chaque découverte et pourtant je l'ai terminé beaucoup trop vite à mon goût.

J'aurais aimé que le livre contenue encore et encore pour rester avec Donald et Virginia au coeur de cette ville de Memphis où les plus grands bluesmen se sont rencontrés.

Je ne peux que vous pousser à découvrir à votre tour ce roman sur un grand artiste de son époque qu'était Robert Johnson et dépeint avec tellement de fascination par Hervé Gagnon que vous le serez également au fil des chapitres.

jeudi 11 novembre 2021

Capitale du Nord : Citadins de demain (T1)

 



Autrice : Claire Duvivier
Editions : Aux forges de vulcain (2021)
Nbre de pages : 373


Présentation de l'éditeur :
Amalia Van Esqwill est une jeune aristocrate de Dehaven, issue d’une puissante famille : son père possède une compagnie commerciale et sa mère tient un siège au Haut Conseil. Progressistes, ils lui ont offert, à elle et à d’autres enfants de la Citadelle, une instruction basée sur les sciences et les humanités. Jusqu’au jour où le fiancé d’Amalia se met en tête de reproduire un sortilège ancien dont il a appris l’existence dans un livre. Au moment précis où la tension accumulée dans les Faubourgs explose et où une guerre semble prête à éclater dans les colonies d’outre-mer, la magie refait son apparition dans la ville si rationnelle de Dehaven. Et malgré toute son éducation, Amalia ne pourra rien pour empêcher le sort de frapper sa famille et ses amis.


Mon avis :

Ce premier tome fait partie d'une saga nommée "La tour de garde" dont la spécificité est qu'elle sera écrite par deux trilogies qui se liront en parallèle. Ici, Claire Duvivier nous fait vivre des évènements se déroulant dans la capitale du Nord, Dehaven alors que les évènements de la capitale du sud seront écrits par Guillaume Chamanadjian dont le tome 1 est paru en avril dernier.

Mais préoccupons nous de ce premier volet écrit d'une plume magnifique par Claire Duvivier.

D'emblée, je préfère vous prévenir que si vous cherchez un roman dans lequel l'action est présente dans toutes les pages avec de la magie à foison, vous sortirez déçu ou en tout cas il vous aura manqué ce que vous y aurez recherché.

Nous vivons cette histoire par la narration faite par Amalia Van Esqwill, jeune aristocrate dont les parents sont progressistes par l'éducation qu'ils ont donné à leur fille mais également à son meilleur ami, Hirion de Vautier. Nous allons apprendre à les connaître, tout comme la ville dans laquelle ils ont grandi, et voir que les choses vont évoluer d'une façon inattendue.
Ils seront accompagnés par Yonas, fils d'un éclusien et ami de toujours.

J'avoue que je ne m'attendais pas à accrocher aussi bien et aussi vite à ce premier volet qui met vraiment tout en place à un rythme plutôt tranquille.

Si certains considèreront que cette lenteur est trop longue à leur goût, je leur répondrai qu'elle est surtout utile pour tout bien comprendre de cette cité et de ce que découvre Hirion en récupérant des objets au cours d'une promenade sur un marché local.

Honnêtement, la surprise est de mise parce qu'on ne voit les choses se profiler qu'un fil des chapitres, sans se rendre vraiment compte de ce qu'elles vont entraîner par la suite.

D'ailleurs, la fin m'a totalement laissée béante parce que je ne m'y attendais pas du tout et cela donne tellement envie d'avoir la suite immédiatement que l'attente va être longue jusqu'à la parution du tome 2, dont je n'ai pas la date malheureusement.

Les personnages sont extrêmement bien rendus. Bien qu'aristocrates, Amalia et Hirion ont des idées plutôt progressistes et voient que les choses changent à Dehaven mais l'histoire ne se concentrera pas uniquement sur le côté social de cette ville. Le côté magique va arriver en milieu de roman et le lecteur se rendra compte de cette fabuleuse découverte en même temps que les personnages ce qui rendra la lecture tellement envoûtante que j'avais envie d'être à leurs côtés et voir les choses par moi-même.

Le seul menu reproche que je pourrai faire à ce livre est l'usage du passé simple qui, dans les dialogues, rend les échanges un peu lourds. Mais cela n'entache aucunement la fluidité de l'intrigue et l'intérêt que l'on va lui porter de bout en bout.

Tout est très bien orchestré; les surprises sont là et à aucun moment je n'ai vu les choses venir.

J'ai dégusté cette lecture plutôt que dévoré parce que j'étais tellement bien dans l'univers créé par Claire Duvivier. Je n'ai qu'une hâte lire la suite bien sûr mais découvrir également la Capitale du Sud car il y a un point commun qui se fait entre ces deux capitales. Je suis curieuse de voir ce que donne le tome 1 de Guillaume Chamanadjian et je compte bien le découvrir très rapidement.

lundi 8 novembre 2021

Le coeur des fileuses

 


Autrice : Aurélie Haderlé
Editions : Presses de la Cité (2021)
Collection : Terres de France
Nbre de pages : 437


Présentation de l'éditeur :

1910, au coeur des Cévennes. Eulalie devient, après le décès de son père, l'unique héritière d'une prospère filature de soie. Désormais patronne, elle découvre que son usine est un véritable bagne féminin. Révoltée par les conditions de travail de ses ouvrières, elle décide, malgré de nombreux détracteurs, de bouleverser l'ordre social.

Bientôt la guerre éclate et le pays se vide de ses hommes. Eulalie réalise alors son voeu le plus cher : transformer son entreprise en communauté de femmes fondée sur l'entraide et la solidarité. Des amitiés se nouent, des amours se tissent. Mais Eulalie saura-t-elle s'affranchir d'un mariage malheureux et affronter les fantômes du passé ?


Mon avis :

Autant les romans contemporains de la collection Terres de France ont du mal à m'accrocher, autant j'adore ceux dans le passé avec un historique régional qui m'emporte à chaque fois.

Pas de mauvaise surprise avec ce roman d'Aurélie Haderlé. Je ne connaissais pas l'autrice mais je me suis laissée emporter par l'histoire d'Eulalie et la voir avancer malgré des secrets cachés et sa condition de femme de début de XXème siècle.

Avec une plume délicate, agréable et fluide, j'ai beaucoup aimé la voir évoluer au coeur de l'usine familiale de ver à soie. C'était comme si j'y étais.

Eulalie est une enfant un peu craintive mais qui a du plomb dans la tête. Elle observe. Elle apprend en silence pour mieux, par la suite, répondre au mieux aux attentes des femmes qui la côtoieront.

Entre l'histoire familiale, celle de l'usine, les diverses relations amicales ou amoureuses, tout nous porte à rester dans ce roman aux mille facettes si bien orchestré.

Je ne me suis jamais ennuyée et j'y retournais avec envie et curiosité. J'ai aimé me balader au coeur des Cévennes mais aussi dans ma ville de Nîmes.

C'est un roman que je conseille pour s'évader mais aussi pour se rendre compte des conditions des femmes dans les filatures à cette époque. C'est extrêmement bien rendu et ce sera avec plaisir et intérêt que je lirai les prochains romans de cette jeune auteure.