vendredi 29 octobre 2021

Cathares 1198

 


Auteur : Olivier Taveau
Editions : Bragelonne (2021)
Nbre de pages : 303




Présentation de l'éditeur :

An 846. La mort de Charlemagne a laissé un empire morcelé, un monde à l'agonie où le pouvoir de Rome ne tient plus qu'au prestige d'un trône. Au coeur d'une curie rongée par les complots, le pape Serge II refuse pourtant de voir périr l'oeuvre de Dieu. Alors que les barbares assiègent la cité, il conclut un pacte avec d'obscurs émissaires et s'engage à protéger un ordre d'élus appelés à restaurer la foi.
Deux siècles plus tard, les premières communautés cathares voient le jour en Languedoc. Par la parole, la volonté et l'exemple, les " Parfaits " redonnent espoir en la parole sacrée et le pays entier, saisi par la ferveur, se détourne bientôt des églises pour embrasser la nouvelle religion. Mais à l'ombre des pouvoirs, des voix appellent déjà au sang.


Mon avis :

Après un roman contemporain touchant, j'avais envie de me replonger dans l'histoire cathare de ma région. Je me suis donc plongée dans le roman de cet auteur que je ne connaissais pas et j'ai passé un très bon moment.

Le prologue est plutôt mystérieux et présente des évènements que l'on a envie de comprendre.

Nous basculons ensuite à la fin du XIIème siècle et nous suivons divers personnages issus du côté cathare avec notamment des Parfaits mais également des catholiques et le Pape Innocent III.

J'ai trouvé l'ensemble très agréable à lire par une écriture simple et fluide tout comme l'intrigue.

A aucun moment, je n'ai été perdue par des détails trop nombreux et nébuleux tenant de la période dans laquelle on se trouve.

J'ai participé aux chutes de Béziers et de Carcassonne avec des scènes historiques très bien décrites sans que cela soit trop lourd.

L'auteur, dans l'ensemble de son roman, reste sur l'essentiel et c'est très agréable.

Du coup, l'histoire se lit bien; on s'attache aux personnages et notamment aux cathares. J'ai adoré certains dialogues et les révélations plongent le lecteur dans un moment de réflexion intéressant.

Connaissant déjà la période cathare, j'aurais juste aimé passer plus de temps aux côtés des Parfaits et que l'auteur prenne plus de temps lors de la chute de Béziers.

Mais j'avoue que pour des lecteurs qui ne connaissent pas cette période voire très peu, le livre se lit très bien. C'est sans fioritures ni excès de violence. Il y a juste ce qu'il faut pour garder le lecteur attaché au roman jusqu'au bout et c'est bien là le principal.

dimanche 24 octobre 2021

Les lendemains

 


Autrice : Mélissa Da Costa
Editions : Albin Michel (2020)
Nbre de pages : 258






Présentation de l'éditeur :
Amande ne pensait pas que l'on pouvait avoir si mal. En se réfugiant dans une maison isolée en Auvergne pour vivre pleinement son chagrin, elle tombe par hasard sur les calendriers horticoles de l'ancienne propriétaire des lieux. Guidée par les annotations manuscrites de Madame Hugues, Amande s'attelle à redonner vie au vieux jardin abandonné. Au fil des saisons, elle va puiser dans ce contact avec la terre la force de renaître et de s'ouvrir à des rencontres uniques. Et chaque lendemain redevient une promesse d'avenir.


Mon avis :

Après avoir lu, l'année dernière, Tout le bleu du ciel que j'avais beaucoup aimé, je ne pouvais pas passer à côté des autres romans de Mélissa Da Costa. Je me suis tout naturellement penchée sur celui qu'elle avait publié en 2020 et dont le thème du deuil est, encore une fois, magnifiquement maîtrisé.

On suit Amande, âgée de 30 ans, qui le même jour va perdre son mari et sa petite fille. Douleurs atroces que de voir partir les deux êtres qui lui sont le plus chers. Comment arriver à vivre ? Survivre ? Comment gérer l'absence, le vide ? Comment avoir envie de continuer ?

Mélissa Da Costa propose ici un roman qui est subjuguant par sa façon qu'elle a de parler d'un thème tellement difficile.

Lorsque j'ai lu le premier chapitre, j'ai dit à mon mari : "Bon bon bon... à mon avis, il ne va pas être facile à lire...". Car ce premier chapitre vous place toute l'horreur que va vivre Amande en quelques heures. C'est dur. C'est poignant. C'est inimaginable.

Et pourtant...

Là encore, l'autrice écrit avec merveille l'histoire d'Amande, de sa reconstruction dans une maison isolée au coeur de l'Auvergne.

J'ai cru que j'allais beaucoup pleurer. Que ce roman allait me tirailler jusqu'au plus profond de mes tripes.

Il n'est pas forcément facile à lire par la douleur d'Amande que l'on vit avec elle à chaque page mais il n'est pas larmoyant non plus. Et c'est là toute la force d'écriture de Mélissa Da Costa : parler de choses difficiles avec une plume délicate et un ton qui vous oblige, malgré vous, à garder l'espoir et un petit sourire au coin des lèvres.

Les moments d'émotion sont bien présents mais le petit brin de soleil n'est pas loin non plus.

La reconstruction d'Amande se fait en notre présence et on se reconstruit avec elle.

Un très beau roman que je conseille. N'ayez aucune crainte. Il se lit bien. Il se lit avec douceur, en prenant son temps, comme Amande sait le prendre de son côté. Pour mieux revenir. Pour mieux vivre des lendemains plus sereins.

lundi 18 octobre 2021

Des vies volées

 


Autrice : Susan Allott
Editions : Belfond (2021)
Collection : Belfond Noir
Nbre de pages : 330


Présentation de l'éditeur :

Intense et noir, un premier roman qui rouvre les plaies d'un chapitre sombre de l'histoire australienne récente : le rapt d'enfants aborigènes organisé par l'Etat. Une rafale d'émotions brutes pour ce texte remarquable, en lice pour le prestigieux Dagger Award de la littérature à suspense britannique.

1997, Londres. Isla Green, trente-cinq ans, reçoit un appel de son père, l'informant d'une étrange nouvelle : la police de Sydney vient de le déclarer suspect potentiel dans une affaire vieille de trente ans. Le sexagénaire aurait été le dernier à avoir vu vivante leur voisine, et amie, Maddie, disparue brutalement en 1967 et dont la mort vient d'être établie.

Secouée par cette enquête qui ravive des souvenirs douloureux, Isla se sent obligée de rentrer chez elle, en Australie, pour aider ses parents dans cette période compliquée. Mais revenir après dix ans d'absence n'est pas simple pour la jeune femme, elle-même fragilisée. Car pour comprendre ce qui est réellement arrivé à Maddie, cette adorable voisine qui la gardait petite, Isla va devoir affronter les fantômes de son passé, ceux de ses parents. Mais aussi percer le silence de cette petite communauté de la banlieue de Sydney qui a traité en bon voisin, pendant de longues années, un ravisseur d'enfants aborigènes...


Mon avis :

J'ai eu envie de découvrir ce roman dès que j'ai lu le 1er paragraphe de la quatrième de couverture. Une histoire sombre s'offrait à moi et j'étais très curieuse de voir et comprendre ce qu'il s'était passé en Australie avec ces enfants aborigènes enlevés à leur famille par la police australienne.

La double temporalité va nous permettre de suivre les évènements en 1967 alors que Isla aura 4 ans et ceux de 1997 lorsque son père lui demande de revenir chez elle, suite à une enquête dont il fait l'objet.

Honnêtement, j'ai préféré les chapitres se référant au passé d'Isla que ceux de 1997 où l'on suit cette fameuse enquête sur la disparition inquiétante de l'ancienne voisine.

On va en apprendre beaucoup sur les uns et les autres mais j'avoue que j'attendais surtout de vivre les évènements qui concernaient ces enfants autochtones enlevés.

J'ai été déçue de me rendre compte que l'accroche de la quatrième n'est qu'un prétexte pour tout autre chose et j'avoue que je n'ai pas apprécié ce livre à sa juste valeur.

Je n'ai accroché à aucun personnage, mis à part Isla enfant. Ils ont tous quelque chose à cacher et même si cela peut mettre une certaine tension, je n'ai pas ressenti cette "rafale d'émotions" ni l'intensité évoqués par l'éditeur.

Je suis restée plutôt extérieure à ce qu'il se passait parce que, au final, cela ne m'intéressait pas vraiment. Ce n'était pas le but que je recherchais dans cette lecture.

Du coup, ne vous attardez pas à cette accroche qui leurre finalement le lecteur parce que les passages où la police agit sont très minces par rapport au reste où deux familles se déchirent, s'émiettent au fil des chapitres.

Je sors déçue parce que ce n'est pas du tout ce que j'en attendais mais il faut admettre une chose c'est que Susan Allott a une écriture plaisante et fluide qui permet quand même d'aller au bout de son premier roman.

mardi 12 octobre 2021

Semiosis

 


Autrice : Sue Burke

Editions : Albin Michel Imaginaire (2019)

Nbre de pages : 434



Présentation de l'éditeur :
Ils sont cinquante – des femmes, des hommes de tous horizons. Ils ont définitivement quitté la Terre pour, au terme d’un voyage interstellaire de cent soixante ans, s’établir sur une planète extrasolaire, qu’ils ont baptisé Pax. Ils ont laissé derrière eux les guerres, la pollution, l’argent, pour se rapprocher de « la nature ». Tout recommencer. Retrouver un équilibre définitivement perdu sur Terre. Construire une Utopie.
Mais avant même de fonder leur colonie, des drames mettent à mal leur idéal. Avarie sur une capsule d’hibernation, accident d’une des navettes au moment de l’atterrissage. Du matériel irremplaçable est détruit. Les morts s’accumulent.
La nature est par essence hostile et dangereuse ; celle de Pax, mystérieuse, uniquement végétale, ne fait pas exception à la règle.
Pour survivre, les colons de Pax vont devoir affronter ce qu’ils ne comprennent pas et comprendre ce qu’ils affrontent.

Mon avis :

Voici mon 1er planet opéra lu grâce à l'éditeur que je remercie vivement pour sa proposition de lecture dans le cadre d'un ouvrage réellement adapté aux débutants en SF.

Ici, nous allons vivre la colonisation d'une planète très différente de la Terre par des personnages qui évolueront au fil de chaque chapitre.

C'est un peu ce qui m'a déroutée d'ailleurs. Nous n'aurons pas affaire aux mêmes personnages du début à la fin mais nous allons suivre les différentes générations et voir l'impact de leur colonisation et comment cette planète répond.

Je me suis laissée embarquée facilement dans cette narration plutôt fluide, même si les termes pharmacologiques/scientifiques m'ont un peu perdue parfois. Cependant, étant donné que l'on voit évoluer une faune et surtout une flore riche et intelligente, il est aisé de comprendre de quoi l'on parle.

J'ai aimé découvrir ce rapport hommes/plantes qui arrivent à communiquer et régler les difficultés que les uns et les autres vont rencontrer.

C'est un roman que j'ai pris mon temps à lire. J'ai d'ailleurs eu du mal à en sortir une fois terminé parce que j'avais pris l'habitude, chaque matin, de lire mes 50 pages et m'imprégner encore et encore de cette planète et de la façon dont les humains s'organisent pour l'apprivoiser.

Honnêtement, même si les chapitres sont très longs, l'ensemble se lit extrêmement bien. Je n'ai au aucune difficulté de compréhension majeure et j'ai adoré voir ces humains tenter de comprendre des lieux construits par une autre civilisation disparue... quoi que... et tout organiser avec cette faune et cette flore qui n'est pas sans risque pour eux. Après tout, la planète ne leur est pas connue; les livres n'existent quasiment pas; il n'y a pas de réseau informatique. Tout est à refaire avec un environnement qui peut, à tout moment, devenir hostile.

Si vous voulez vous lancer dans un genre SF sans vous prendre la tête, ce titre est parfaitement dosé et mené avec beaucoup d'intérêt pour nous ouvrir aux problèmes écologiques. Je le conseille à tous, adeptes ou non de science-fiction.

mercredi 6 octobre 2021

Les couleurs du destin

 


Autrice : Mireille Pluchard
Editions : Presses de la Cité (2021)
Collection : Terres de France
Nbre de pages : 666


Présentation de l'éditeur :

Cévennes, début XIXe. Petite fille, la douce Sixtine rêve souvent d’être une autre, elle qui ne connaît que les brimades d’un père rustre et cruel. Adolescente, elle trouve du réconfort dans les bras de Jean-Baptiste, le fils des propriétaires du domaine du Souleiadou. Mais il meurt à la guerre et Sixtine, enceinte, n’a d’autre choix que de fuir. Sous les couleurs de la Provence, la jeune fille s’invente un nouveau destin. Plus forte, Sixtine repense au Souleiadou : l’heure de la revanche a sonné…


Mon avis :

Voilà le nouveau Mireille Pluchard que je me suis délectée de découvrir. Sixtine est une petite fille à laquelle on va s'attacher plutôt rapidement et que l'on va suivre durant toute sa vie. On évoluera en même temps qu'elle. On vivra des moments difficiles et d'autres plus agréables aux côtés de personnages qui vont l'aider à se construire après un début de vie plus que compliqué.

Pour moi, les romans de Mireille Pluchard sont des romans doudous. J'aime cette plume fluide, agréable qui vous transporte dans un passé très bien retranscrit avec des personnages qui nous collent à la peau.

Si j'ai trouvé le début un plus long (il m'aura fallu attendre environ 100 pages pour être totalement dedans), je me suis laissée porter ensuite par cette histoire et ce personnage féminin qui m'a conquise tant par sa détermination que par sa douceur et ses faiblesses.

A ses côtés, nous la suivrons dans les Cévennes puis jusqu'en Provence, brûlant de chaud sous le soleil d'été ou frigorifié par ce mistral que l'on connaît tant dans le Sud.

J'ai adoré me retrouver sur les chemins qui mène de Nîmes à Beaucaire ou Tarascon. J'avais l'impression de retrouver un passé de cette région qui est la mienne et j'ai été conquise.

Le roman se déroule sur une période de 40 ans environ. Il y aura des hauts et des bas. On aura de la joie pour Sixtine, de la tristesse, de la colère.

C'est un roman qui apporte beaucoup d'émotions au lecteur et j'avoue que, même si ce n'est pas un coup de coeur, je me suis laissée porter comme je l'avais fait avec Le choix de Diane (mon avis) qui reste, pour moi, le meilleur roman de l'autrice.

Si vous aimez vous promenez au coeur des Cévennes. Si vous aimez le Sud et si voulez découvrir autant une manufacture de tissus provençal que le travail des champs et la culture des oignons doux, ce roman vous plaira très certainement.

Comme pour chacune de mes lectures, j'ai pris le temps de le lire. J'ai pris le temps de m'imprégner de chaque personnage, de chaque passage important de leur vie et j'en suis sortie triste de les quitter mais aussi apaiser.

Il y a beaucoup de doute, de douleurs, de tension au coeur de ce roman mais au travers de l'écriture de Mireille Pluchard tout est subtilement mené et on ne s'ennuie pas un seul instant.