Le bras du diable

Auteur : Julie Waeckerli
Editions : Les Nouveaux Auteurs (2012)
Nbre de pages : 691

Présentation de l'éditeur :

De nos jours - alors qu'un groupe d'adolescents s'adonne à des séances de spiritisme - des meurtres sanglants viennent troubler la quiétude d'un petit village alsacien. La gendarmerie enquête avec peine, les villageois se déchaînent et chacun mène son enquête. Mais l'assassin ne laisse aucune trace, aucun indice, sauf des messages énigmatiques à l'encre rouge. Parallèlement, un vieil homme atteint d'Alzheimer voit des flashs de son passé resurgir : la guerre d'Algérie et ses tortures... laissant présager de terribles secrets.

Mon avis :

J'ai reçu cet ouvrage il y a plusieurs semaines déjà et j'avoue que je regrette de ne pas l'avoir lu plus tôt parce que Julie Waeckerli est certes une jeune auteur (20 ans !!) mais elle signe avec "Le bras du diable" un très bon premier roman. Elle a toutes les qualités pour devenir une grande auteur dans les années à venir. Une auteur à suivre indéniablement.

Mais revenons-en au "Bras du diable" en lui-même.

Dès le début de l'histoire, qui se passe en Alsace, après un prologue très accrocheur se déroulant à Alger, la lectrice que je suis a su d'emblée que ce livre allait me réserver une foule d'émotions.

Effectivement, même si j'ai trouvé que les détails sur le premier meurtre manquaient de précisions et qu'on voyait là la retenue de Julie Waeckerli pour ne pas heurter son lecteur, j'ai vite déchanté lorsque le second assassinat puis le troisième ont été perpétrés.

J'ai été totalement emballée par cette plume si facile, simple et délicate de Julie Waeckerli parce qu'elle a su parfaitement jouer avec son lecteur.

En effet, "Le bras du diable" n'est pas qu'une simple histoire de meurtres dans un petit village alsacien. C'est aussi l'entrée de la guerre d'Algérie et tous les vices et tortures dont j'étais ignorante jusque là.

Du coup, on est non seulement happé par ces assassinats macabres dont il est bien difficile de trouver le mobile (pour le meurtrier, je m'en suis doutée passé la moitié du livre mais j'avoue que je n'avais pas tout deviné non plus...) mais on vit aussi la mémoire d'un homme totalement ravagé, changé par ce qu'il a vécu dans son passé de soldat.

Prise entre une compassion profonde et une angoisse allant crescendo croyant que personne ne trouverait le coupable au fur et à mesure que les jours passaient, je me suis laissé aller à dévorer ce livre de près de 700 pages en tout juste 3 jours.

Les chapitres sont courts, entrainants et pleins d'interrogations. Du coup, nous n'avons pas d'autre choix de de tourner les pages pour ce qu'il va arriver.

De plus, les personnages qui interviennent sont des adolescents âgés entre 16 et 18 ans. Il est difficile de ne pas ressentir de crainte pour eux dès que l'on voit poindre un évènement tragique à l'horizon.

Il y a bien sûr des adultes qui n'ont pas toujours le meilleur rôle d'ailleurs, d'autant que les habitants de ce village sont aussi très particuliers...

C'est en quelque sorte un huis-clos que nous offre là Julie Waeckerli avec une maîtrise parfaite de l'intrigue et de l'écriture du début à la fin.

En bref, "Le bras du diable" est un thriller agréable à lire et l'auteur est à découvrir. Pour un premier roman, elle s'en sort haut la main et je n'ai qu'une question à lui poser : à quand le prochain ?

Quant à vous, lecteurs, je n'ai qu'une chose à vous conseiller c'est de lire cet ouvrage qui ne devrait pas vous décevoir.

Un petit extrait pour vous mettre en haleine :

"Nous avons compté au total dix-huit tiges de roseaux enfoncées dans son corps. Mais je ne pense pas qu'elle en soit morte. Ni même lorsqu'il a arraché la peau. Nous avons remarqué que le meurtrier a entaillé sa gorge avec un couteau, probablement pour mettre fin à sa vie. A mon avis, elle était vivante avec dix-huit bâtons plantés en elle quand il a décidé de l'achever. Sans vous mentir, mon capitaine, cette  gamine a dû souffrir le martyre avant qu'il ne décide de la tuer." (p. 310)