mercredi 22 août 2018

Une douce lueur de malveillance

Auteur : Dan Chaon
Editions : Albin Michel (22 août 2018)
Nbre de pages : 527

RENTREE LITTERAIRE 2018


Présentation de l'éditeur :
« Nous n'arrêtons pas de nous raconter des histoires sur nous-mêmes. Mais nous ne pouvons maîtriser ces histoires. Les événements de notre vie ont une signification parce que nous choisissons de leur en donner une. »

Tel pourrait être le mantra de Dustin Tillman, psychologue dans la banlieue de Cleveland. Ce quadragénaire, marié et père de deux adolescents, mène une vie somme toute banale lorsqu'il apprend que son frère adoptif, Rusty, vient d'être libéré de prison. C'est sur son témoignage que, trente ans plus tôt, celui-ci a été condamné à perpétuité pour le meurtre de leurs parents et de deux proches. Maintenant que des tests ADN innocentent son frère, Dustin s'attend au pire.
Au même moment, l'un de ses patients, un policier en congé longue maladie, lui fait part de son obsession pour une étrange affaire : la disparition de plusieurs étudiants des environs retrouvés noyés, y voyant la marque d'un serial killer. Pour échapper à sa vie personnelle, Dustin se laisse peu à peu entraîner dans une enquête périlleuse, au risque de franchir les limites que lui impose son rôle de thérapeute.
Plongée dans les ténèbres, celles d'un homme submergé par ses propres contradictions et les failles de sa mémoire, Une douce lueur de malveillance est un livre virtuose et vénéneux. Une écriture glaçante, une inventivité littéraire qui bouscule les structures du roman contemporain : rarement un écrivain aura su explorer le mystère de l'identité avec un réalisme aussi obsédant.


Mon avis :

Je ne savais pas trop dans quoi je m'embarquais lorsque j'ai postulé pour découvrir ce titre de la rentrée littéraire. Ce que je savais, par contre, c'est que le résumé me tentait beaucoup et me laissait présager une lecture que j'aurais du mal à oublier. En tout cas, je croisais les doigts pour que ce soit le cas et j'avoue que je ne sors pas du tout déçue de cette découverte, même s'il faut reconnaître que ce nouveau roman de Dan Chaon risque de déstabiliser plus d'un lecteur.

On a affaire à un roman noir dans lequel on va suivre la famille Tillman et notamment le père, Dustin. C'est un psychiatre qui a vécu beaucoup d'évènements et il va partager avec le lecteur ses souvenirs, tout en nous faisant vivre son existence actuelle avec ses deux fils, Aaron et Denis, mais également avec l'un de ses patients, Aquil Ozorowski, ancien flic et obsédé par des meurtres qui sur des étudiants ivres. Aqui trouve qu'il y a des ressemblances, des corrélations entre les morts et il met tout en oeuvre pour pousser Dustin à l'aider dans son "enquête".

Dès le début, j'ai adoré la plume de Dan Chaon mais surtout c'est surtout l'organisation du roman par rapport à la psychologie des personnages qui m'a littéralement bluffée.

Lorsque j'ai vu le livre lors de sa réception et que je l'ai feuilleté, j'y ai vu des tableaux, des échanges de SMS mais surtout d'énormes espaces dans certains paragraphes. Cela m'a beaucoup surprise mais au lieu de m''angoisser cela me rendait encore plus curieuse de découvrir cet ovni littéraire.

Honnêtement, je ne suis pas déçue de cette lecture et si vous aimez les romans un peu atypiques dans leur construction avec des personnages sur lesquels on va s'interroger du début à la fin, ce titre est fait pour vous.

Je me suis posée énormément de questions sur Dustin et Aquil, notamment. Je ne vous dirai pas pourquoi sous peine de sûrement trop en dévoiler.

J'ai découvert le passé de Dustin au fur et à mesure qu'il nous est dévoilé par le personnage lui-même. On ne sait les choses que petit à petit et on fomente des suppositions qui seront mises à mal tout au long de la lecture.

C'est un roman avec lequel il faut prendre son temps. Nous ne sommes pas non plus dans une narration chronologique et là encore c'est juste renversant.

En jouant sur la forme du roman, le manque de chronologie, les meurtres des étudiants et ceux perpétrés dans le passé, l'auteur organise un roman noir très addictif, en marge de tout ce que j'ai pu lire dans ce genre là avec une psychologie des personnages qui finit de mettre une atmosphère oppressante.

J'ai eu l'impression de perdre pied comme tous les personnages sans que pour autant l'envie d'abandonner se présente. C'était même tout le contraire : plus cela devenait ténébreux et plus je voulais en savoir plus. J'étais happée par ce que l'on me racontait, même si j'ai mis une bonne semaine pour le finir.

J'ai passé un excellent moment aux côtés de Dustin et Aaron.

Je me suis posée beaucoup de questions sur Aquil, surtout, et Denis, pour des raisons différentes.

On plonge dans la vie d'une famille détruite au départ, qui tente de se reconstruire, qui cache des secrets mais on le sait : tout finit par se savoir...

Même si je n'en fais pas un coup de coeur, Une douce lueur de malveillance restera l'une de mes plus belles découvertes 2018, notamment parce que l'auteur, avec cette forme particulière qu'il a mis dans le contenu, en fait une histoire démentielle, hors norme.

C'est aussi, je pense, ce qui risque d'être son défaut pour d'autres lecteurs. En ce qui me concerne, cela fut déroutant au départ mais j'y ai parfaitement adhéré et j'avoue que je ne verrai pas ce livre écrit autrement maintenant que je l'ai lu.

J'espère que vous céderez à votre tour et que vous découvrirez l'histoire de la famille Tillman et ceux qui gravitent autour d'eux. C'est un grand roman sur lequel il ne faut passer à côté !

Je remercie beaucoup Léa du Picabo River Book Club et les éditions Albin Michel pour cette lecture.


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