vendredi 19 février 2016

Ostland

Auteur : David Thomas
Editions : Presses de la Cité (octobre 2015)
Nbre de pages : 346


Présentation de l'éditeur :
Berlin, 1941. Le jeune et ambitieux Georg Heuser entre dans la police en tant qu'inspecteur à la brigade criminelle. Il est rapidement affecté à la traque d'un tueur en série qui terrorise la ville. Sous la tutelle de son supérieur et mentor, il affirme ses dons d'enquêteur, apprend la loyauté envers ses collègues et se jure d'œuvrer toujours au service des innocents. Jusqu'au jour où, pour le féliciter, on le promeut au sein de la SS. Envoyé à Minsk, Georg va prendre en charge l'arrivée des convois de déportés juifs et l'organisation du ghetto. Soucieux de plaire à sa hiérarchie, il obéit aux ordres et s'interdit de penser au crime odieux auquel il est en train de participer. Mais peut-on rester dans cet état d'insensibilité lorsqu'on devient soi-même le monstre qu'on s'est toujours promis de poursuivre ? Dérangeant et poignant. Un thriller, inspiré d'une histoire vraie, qui pose une question extrêmement délicate, celle de la responsabilité.
 
 
Mon avis :
 
Ostland est un roman qu'il me tardait de lire. Chaque roman qui se passe durant la Seconde Guerre Mondiale éveille pour moi une nécessité de le découvrir. Avec Ostland, mon envie a été encore plus vive parce qu'il s'agit d'une histoire vraie. La seule chose que je puisse vous dire avant d'entrer plus en détails dans ce roman, c'est qu'une fois la dernière page fermée, je n'arrivais plus à penser...
 
Alors même que je suis d'un tempérament très droite, mon avis sur les nazis a toujours été très tranchant. Aucune possibilité pour eux d'éveiller en moi le moindre écho d'empathie.
 
Devrais-je dire... jusque là ?!
 
Après lecture de Ostland, mon avis est beaucoup plus réservé pour certains d'entre ces hommes qui ont fait le pire durant cette période. Je ne dis pas qu'ils sont tous à excuser, loin de là, mais grâce à cette lecture, j'ai pu quand même faire la part des choses et avancer aussi dans mon point de vue.
 
On découvre ici le jeune Georg Heuser à travers deux périodes bien distinctes : celle où il est arrêté pour crimes contre l'Humanité et qu'il va devoir comparaître devant un tribunal (nous nous situons dans les années 1960) et celle où il va nous raconter ce qu'a été sa vie et pourquoi il ne peut pas être considéré réellement comme un vrai nazi (cette période s'étale de 1941 à 1944).
 
On va voir l'évolution de ce jeune homme de 28 ans au moment où il entre dans les services de la Brigade Criminelle de Berlin afin de débusquer un tueur en série jusqu'à son affectation dans le pire lieu qu'il connaîtra : Ostland, le commissariat du Reich en territoires de l'Est, basé à Minsk.
 
Je ne vous décrirai pas le personnage de Georg Heuser parce qu'il faut le connaître à travers et grâce à cette lecture. Vous expliquer dans les détails pourquoi j'ai, aujourd'hui, un point de vue un peu différent de ces hommes qui ont tué des milliers de juifs reviendrait à vous spolier totalement sur la contenance de ce roman.
 
Il n'empêche que si la première partie nous décrit un homme brillant et vraiment exemplaire dans sa conduite et dans son travail, non antisémite, n'ayant pas la carte du parti nazi et non violent, la seconde est celle où l'on voit sa transformation se produire sous le joug d'une hiérarchie qui ne lui donne pas le choix.
 
Alors que jusque là, je pensais que chaque Homme avait le choix de son geste, de faire ou ne pas faire les choses, aujourd'hui je me dis que les paroles de la chanson "Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt" sont tellement vraies et que j'en suis venue aussi à me demander ce que j'aurais fait si j'avais été à la place de cet homme.
 
Encore une fois, je ne cherche pas à minimiser le rôle que Georg Heuser a eu durant les 2 ans où il a été à Ostland mais je peux plus facilement me dire que ces allemands n'étaient pas tous mauvais, que certains ont préféré mourir sur le champ de bataille ou par suicide, par la suite, pour ne plus voir ces visages les hanter.
 
Je peux difficilement vous expliquer comment ils "réussissaient" à poursuivre le carnage qu'on leur imposait parce que là encore je vous spolierai le roman.
 
Mais l'ensemble fait vraiment réfléchir et lorsque on lit les trois dernières pages du roman, "Ostland, les nazis... et moi" écrit par David Thomas en fin de roman, on sait que forcément tout ce qui est écrit noir sur blanc ici est une réalité que l'on ne voudrait jamais affronter. L'auteur y explique les difficultés qu'il a eu à écrit ce livre, émotionnellement parlant, et l'échange qu'il a eu avec un de ses amis juifs lui expliquant que le connaissant, jamais il n'aurait fait la même chose que Georg Heuser. La réponse est surprenante parce que ce livre met justement en cause notre capacité ou non à répondre à un ordre d'une telle envergure.
 
Personne aujourd'hui ne peut dire comment il aurait réagi ou comment il réagira si, par malheur, de tels actes devaient se reproduire un jour.
 
 

2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas du tout mais je le note. Il me fait penser à la série de Philip Kerr. Merci pour cette découverte.

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  2. Je n'aime pas trop les livres abordant les guerres mondiales même si ce sont assurément des livres à découvrir.

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