mardi 24 avril 2018

Toutes blessent, la dernière tue

Auteur : Karine Giebel
Editions : Belfond (mars 2018)
Nbre de pages : 735


Présentation de l'éditeur :

Maman disait de moi que j'étais un ange. 
Un ange tombé du ciel. 
Mais les anges qui tombent ne se relèvent jamais...

Je connais l'enfer dans ses moindres recoins.
Je pourrais le dessiner les yeux fermés.
Je pourrais en parler pendant des heures.
Si seulement j'avais quelqu'un à qui parler...

Tama est une esclave. Elle n'a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin... 

Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres.
Les tuer tous, jusqu'au dernier.

Gabriel est un homme qui vit à l'écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures. 
Un homme dangereux. 
Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique. 
Qui est-elle ? D'où vient-elle ? 

Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite !
Parce que bientôt, tu seras morte


Mon avis :

Avec moi, les romans de Karine Giebel, ça passe ou ça casse. Il n'y a pas de demi-mesure. J'avais sur-kiffé Juste une ombre qui était ma découverte de l'auteure qui m'avait embarquée dans un thriller psychologique que je ne suis pas prête d'oublier. Par contre, je n'avais pas du tout aimé Jusqu'à ce que la mort nous unisse ni Meurtres pour rédemption qui est un roman très violent sur le monde carcéral.

Avec Toutes blessent, la dernière tue, j'avais une chance sur deux d'accrocher. Une chance sur deux de m'en vouloir si ça ne passait pas parce que, soyons honnête, sur trois titres lus, un seul m'avait plu.

Le prologue m'a mise direct dans l'ambiance avec une gamine de neuf ans, Tama, qui vit dans une grande maison, aux côtés d'une famille de cinq personnes : le père, la mère et les trois enfants. Mais Tama ne fait pas partie de cette famille. Tama "s'occupe des enfants, du ménage, de la lessive, du repassage, de la cuisine et fait aussi de la couture". Tama dort sur "un matelas aussi fin qu'étroit, posé par terre dans la buanderie (...) Elle dort entre les provisions et la machine à laver (...) Il n'y a pas de radiateur." Tama "a l'interdiction formelle de sortir." Tama est une esclave.

Cette petite description de ce qu'est la vie de Tama dans sa nouvelle famille est déjà bouleversante mais surtout révoltante et le lecteur ne sera pas en peine de ressentir autant de souffrance et de révolte que Tama au fur et à mesure que nous la découvrirons dans son quotidien.

Tama est en fait une petite fille qui a été vendue par son père à l'âge de huit ans à une marocaine habitant en France. Cette femme a promis à ce papa que sa fille allait vivre dans une famille qui lui apporterait tout ce que Tama n'avait pas chez sa tante, au Maroc : la possibilité d'aller à l'école, d'avoir un travail décent et une vie meilleure...

Karine Giebel nous plonge donc dans l'enfer de l'esclavage moderne avec ce personnage de Tama et comment ne pas arriver à ressentir de l'empathie pour cette petite fille qui vit des heures très sombres pendant des années ? Comment ne pas souhaiter qu'elle se révolte pour sortir de cet enfer ?

J'avoue que j'ai trouvé le début un peu long et redondant surtout dans les passages de violence parce que, soyons honnête, Karine Giebel n'y met absolument pas de réserve dans ce qui se passe dans cette maison. Elle va vraiment à l'extrême et c'est là où en général ça pêche pour moi.

Si j'adhère aux romans violents, il faut aussi que cela reste plausible et si j'ai parfaitement accroché à ce roman qui a été une vraie claque et que j'ai dévoré en un peu plus de deux jours, je dois quand même préciser que cette violence était aussi un peu trop poussée et qu'au fil du livre je me disais que Tama était une super woman pour ne pas succomber à tout ce qu'elle subissait.

Parallèlement au récit sur Tama, Karine Giebel va aussi nous faire découvrir un homme, qui vit seul, dans un endroit reculé des Cévennes, du côté de Florac : Gabriel.

Cet homme a lui aussi une histoire à raconter et ce sera chose faite avec une jeune femme qui entre inopinément chez lui et le menace d'une arme. Malheureusement pour elle, cette dernière est blessée et s'évanouit sitôt après avoir menacé Gabriel et lorsqu'elle reprend conscience, elle est allongée sur le lit, les mains menottées. Gabriel n'est pas l'ange auquel elle aurait pu penser. Et lorsqu'il la menace de la tuer si elle ne lui dit pas qui elle est, cette femme est incapable de répondre. Cette femme est amnésique. Qui est-elle ? Pourquoi a-t-elle menacé Gabriel ? Et lui ? Qui est-il vraiment ? Que cache cette colère, cette haine qu'il voue à certaines personnes ?

Là encore, je me suis vite attachée à cette jeune femme, faisant d'ailleurs très vite un rapprochement avec Tama. Est-il possible que ce soit elle ? Plus tard ? Est-elle arrivée à s'enfuir ? Et ce Gabriel alors ? Quelles sont ses motivations pour agir comme il le fait avec cette femme ? Pourquoi va-t-il tuer certaines personnes ? Fait-il partie du Milieu ? Un ancien flic ripou qui se cache pour ne pas être flingué... mais par qui ?

Je me suis posée vraiment pas mal de questions durant cette lecture ce qui me donnait envie de continuer sans relâche ma lecture. Malgré l'extrême violence qui s'acharne entre ces pages, j'étais à la fois imprégnée par l'espoir de voir Tama s'en sortir, voir cette femme retrouver la mémoire et nous dire qui elle était mais j'ai eu aussi un grand froid qui m'a prise vers la moitié du livre.

J'ai eu besoin de faire des pauses pour me reprendre parce que je finissais les mains gelées par le stress. J'ai vécu ma lecture à fond et je sais que je n'oublierai pas de si tôt ce roman qui n'est certes pas un coup de coeur parce qu'il est hors de question pour moi de lui donner ce privilège vu les thématiques qu'il aborde. Il y a bien sûr celle de l'esclavage mais il va y en avoir d'autres que je vous laisserai le soin de découvrir si toutefois vous vous sentez capable de le lire.

Quant à la fin, elle m'a percutée de plein fouet. Je la voyais venir mais  je me disais que cela ne pouvait pas se finir de cette façon. Je suis d'un tempérament plutôt optimiste ou en tout cas j'essaie de l'être un maximum. Alors cette fin...

Ce que je peux dire, en tout cas, c'est que Toutes blessent, la dernière tue m'a totalement chamboulée, pénétrée jusqu'au plus profond de moi, me faisant ressentir des émotions très fortes, quitte à en trembler parfois. Je ne dirai pas qu'il faut le lire absolument parce que, je le répète, la violence est omniprésente et parfois l'est même un peu trop au risque de donner des improbabilités à l'histoire. Du coup, il faut vraiment être préparé pour le lire. Ce roman n'est pas un coup de coeur c'est un véritable coup de poing. C'est un roman que j'ai vécu totalement et que je ne suis pas prête d'oublier.

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