Editions : Belfond (2009)
Nbre de pages : 429
Présentation de l'éditeur :
Les relations mères-filles sont rarement de longs fleuves tranquilles.
Mais pour certaines c'est encore pire. Prenez Cannie Shapiro : si on lui
avait dit il y a treize ans que sa ravissante petite Joy, ce magnifique
bébé qu'elle a eu toute seule et qui a fait sa fierté, deviendrait un
jour une ado aussi exécrable, elle y aurait réfléchi à deux fois. La
crise atteint son paroxysme lors du choix crucial de la robe de
bat-mitsvah de Joy. Entre la fille qui veut à tout prix le modèle vamp à
petites bretelles et la mère qui préférerait l'option gentille robe à
smocks, toute communication semble rompue. C'est alors que Peter, le
mari de Cannie et beau-père de Joy, fait une déclaration fracassante :
il veut un autre enfant. Si Cannie est stupéfaite, pour Joy, c'est une
trahison qu'elle compte bien faire payer très cher...
Mon avis :
Nouveau livre de Jennifer Weiner que je découvre grâce aux Editions Belfond que je remercie car encore une fois je suis ravie de l'avoir lu. "La fille de sa mère" touche un sujet difficile sur l'adolescence mais aussi sur les rapports familiaux qui peuvent avoir des conséquences désastreuses si l'on n'y prend pas garde.
1) L'histoire :
Nous nous situons à Philadelphie dans une famille juive où Joy, adolescente de 13 ans, va bientôt fêter sa bat-mitsvah. Cannie Shapiro épouse Krushelevansky, sa mère, est écrivain. Son premier livre, "Les filles fortes ne pleurent pas" a fait un tabac lors de sa sortie mais à la suite de cette parution, Cannie a décidé de continuer d'écrire sous un pseudonyme. Joy, voyant sa mère d'un oeil d'adolescente rebelle, très critique, va décider de lire cet ouvrage en cachette mais ce qu'il va lui révéler va la bouleverser et la monter définitivement contre sa mère. Leurs relations déjà difficiles vont devenir houleuses. Il faudra qu'elles crèvent cet abcès et se comprennent l'une et l'autre pour que la sérénité revienne dans cette famille.
Pour avoir une adolescente à la maison, j'étais enthousiaste et curieuse de lire cet ouvrage parce qu'il n'est pas toujours évident de parler à un jeune qui se braque dès qu'on lui dit quelque chose qui ne va pas dans son sens ou lorsqu'on ne fait pas ce qu'il veut au moment où il le demande.
Nos jeunes grandissent vite, prennent de l'assurance (ou pas) mais surtout cherchent une liberté qu'en tant que mère il n'est pas facile de lâcher.
Si je ne me suis pas du tout reconnue dans le personnage de Cannie (ni ma fille dans celui de Joy), il n'en demeure pas moins que les difficultés qu'elles rencontrent l'une avec l'autre sont communes à n'importe quelle famille : acheter des vêtements qui ne plairont pas forcément aux parents qui les jugeraient non adaptés par rapport à l'âge de notre progéniture, vouloir les surveiller tout le temps pour être sûr qu'il ne leur arrive rien, ne pas comprendre leur mutisme...
Non seulement il est difficile pour un adolescent de grandir mais ça l'est aussi du côté de la mère qui, quelque part, cherche tout simplement à garder le bébé qu'elle a mis au monde. C'est difficile de couper le cordon. On a beau savoir que nos enfants ne nous appartiennent pas, qu'ils feront leur vie un jour ou l'autre, sans nous, et qu'ils partiront donc, il n'empêche que cela fait un pincement au coeur.
On découvre aussi dans l'ouvrage la vie passée de Cannie à travers ce fameux livre qu'elle a écrit et qui, indéniablement, aura des répercussions sur son comportement de mère envers sa fille.
L'histoire va permettre de tout mettre à plat et de régler les problèmes mais cela passera par des situations auxquelles je n'aurais jamais pensé. L'auteur jouera sur une narration alternée puisque, chacune à leur tour, Joy et Cannie nous raconteront leur histoire. C'est très intéressant à suivre mais il faut le savoir pour ne pas se perdre au départ car à aucun moment Jennifer Weiner ne l'indique en début de chapitre.
2) Les personnages :
Il y en a deux principaux, Joy et Cannie, et d'autres qui viendront les soutenir, l'une ou l'autre en fonction de leur point de vue sur les difficultés rencontrées.
* Joy a 13 ans. Née prématurément et sourde de naissance, elle doit porter des prothèses auditives. Si jusque là tout se passait bien, depuis son entrée en 5ème, elle se rebelle : elle ne branche plus ses appareils pour suivre correctement ses cours et ses notes sont en baisse; elle ne supporte plus sa mère qu'elle trouve trop grosse à son goût (surtout sa poitrine). Pourquoi n'a-t-elle pas une mère normale ? une famille normale ? Elle est vraiment en pleine rébellion, se pose tout un tas de questions mais n'ose pas parler avec sa mère. A quoi cela lui servirait-il de toute façon puisque cette dernière campe sur ses positions et finalement ne l'écoute pas ?
Joy, malgré toutes les bêtises qu'elle fait (et croyez moi il y a de quoi faire des bons de trois mètres de haut), n'en est pas moins très attachante. C'est l'adolescente qui se cherche, qui veut qu'on la regarde, qu'on la remarque, qu'on ne lui trouve pas que des défauts à cause de son handicap. Elle aimerait être normale et agit comme tel. Elle est têtue, bornée mais aussi très volontaire. On lui cache des choses ? Que nenni, elle va mener son enquête pour trouver la vérité à ses questions mais ce qu'elle va découvrir va surtout la bouleverser et lui faire voir la vie différemment.
* Cannie, la mère, a la quarantaine. Elle est mariée à Peter Krushelevansky, médecin nutritionniste, qu'elle a rencontré quelques mois après la naissance de Joy. C'est une femme que l'on découvre au fur et à mesure en tant que femme bien sûr mais aussi mère. Elle garde une rancoeur terrible vis-à-vis de son ex (le père de Joy), de son propre père et de la vie avant sa rencontre avec Peter. Là encore, cette femme m'a touchée. J'ai suivi avec intérêt son parcours, ses doutes, ses angoisses et ses choix. Même si ces derniers ne sont pas toujours les bons, quand on est écorché vif, on a l'impression que nos agissements sont les meilleurs. C'est avec Joy qu'elle l'apprendra à ses dépens et elle se rendra compte qu'elle doit lâcher du lest et accepter que sa fille grandisse et que leurs choix ne seront pas toujours les mêmes. Cela ne sera pas sans difficulté mais son évolution est intéressante à suivre.
* Peter, Elle, Bruce et mamie Ann sont des personnages secondaires qui malgré tout sont importants pour nos deux héroïnes. Ils apporteront soit du soutien soit des révélations qui feront évoluer les personnages principaux.
3) Le style :
Comme à son habitude, Jennifer Weiner a une écriture fluide et simple qui permet au lecteur d'entrer facilement dans l'ouvrage et de suivre avec envie et intérêt l'histoire qu'elle raconte.
Je suis totalement conquise par cet écrivain car même si ce n'est pas de la grande littérature pour certains, ici elle a touché une corde sensible (et je ne parle pas spécialement des difficultés de rapport mère-adolescente) qui m'a mis les larmes aux yeux. Elle a une façon de raconter, de faire monter les émotions qui est extraordinaire. C'est prenant aux tripes et ça remet les pendules à l'heure sur le fait que la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Bien au contraire.
En somme, "La fille de sa mère" est un livre que je recommande pour les émotions qu'il transporte. Si vous n'êtes pas insensible, vous devriez l'apprécier car il est difficile de ne pas arriver à aimer la famille Krushelevansky.
Si je ne me trompe pas, tu avais lu de cette auteure "A propos d'amour" que j'ai noté dans ma LAL. Concernant celui que tu viens de lire, il a l'air bien aussi.
RépondreSupprimerBonne journée !
@ Céline : oui tout à fait. C'est le premier livre de l'auteur que j'avais lu mais le thème ne m'avait pas du tout accroché. Du coup, l'éditeur m'a transmis deux autres ouvrages qui sont très différents et là j'ai vraiment aimé la découvrir.
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