Auteur : Marco Magini
Editions : HC Editions (2016)
Nbre de pages : 199
Présentation de l'éditeur :
Drazen Erdemovic est un jeune homme d'une vingtaine d'années lorsque la guerre éclate dans son pays, la Yougoslavie. Il doit alors participer à un conflit décidé par une autre génération et faire des choix irréversibles pour sa famille et pour lui-même. Des choix qui vont mettre son âme à nu.
L'évocation du massacre et du procès qui s'est ensuivi au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie est confiée à trois voix qui alternent dans une partition bien rythmée.
La voix du magistrat espagnol Romeo Gonzalez évoque le déroulement du procès et met en évidence les motivations, souvent bien subjectives, des juges à l'heure de rendre leur verdict.
La voix de Dirk, casque bleu néerlandais en garnison à Srebrenica, parle au nom du contingent de l'ONU, coupable de ne pas avoir empêché le massacre.
Et la voix du soldat serbo-croate Drazen Erdemovic, véritable protagoniste de l'histoire, volontaire dans l'armée serbe, est celle du seul soldat ayant avoué sa participation au massacre, le seul jugé et le seul condamné.
La force de ce roman qui raconte l'histoire de Srebrenica tient dans le choix narratif. Marco Magini fait parler les consciences humaines avec une finesse et une humanité déroutantes. Des consciences humaines qui vont devoir renoncer à la notion même de justice. Le choix d'un des passages les plus dramatiques de l'histoire européenne récente, ainsi que le style, dont l'aridité porte en creux la puissance émotionnelle, font de ce récit un texte à part.
Mon avis :
J'avais tout juste 20 ans lorsque la guerre de Yougoslavie a eu lieu. Je me rappelle brièvement de ce conflit et des massacres perpétrés à Srebrenica. Pour autant, le nom de cette ville n'est jamais sortie de ma mémoire...
Du coup, lorsque j'ai vu ce titre au programme des Editions HC, je n'ai pas pu m'empêcher de vouloir le découvrir. Malgré l'horreur. Malgré tout ce que j'allais devoir affronter.
Ce roman est court. Tout juste 200 pages.
La narration a trois voix permet de faire le constat amer de tout ce qui n'a pas été fait pour empêcher ce génocide. Ces civils qui n'ont rien demandé, qui ont été pris à partie et que personne, finalement, n'a protégés.
On démarre avec un soldat de l'ONU revenu chez lui et forcément pas dans la meilleure des formes. Mais même si on pense savoir ce qu'il a vécu, on est très loin d'imaginer à quel point ce conflit, pour les soldats de l'ONU, a pu être marquant. C'est à travers Dirk que l'on va comprendre ce qui s'est passé ou pas dans les rangs de cette armée sensée protéger la population bosniaque. Et plus on avance, plus on se dit qu'il n'est pas possible que la communauté internationale ait pu réagir de la sorte...
Vient ensuite Roméo Gonzalez, juge au TPI (Tribunal Pénal International) de La Haye. Fraîchement promu, il voit là une consécration à sa carrière d'avocat. Il a atteint son but ultime mais voilà il doit juger un soldat serbe ayant commis des meurtres atroces dans le rang des civils mulsumans bosniaques.
J'avoue que c'est la partie qui m'a le moins accrochée parce qu'il faut attendre quand même la moitié du bouquin pour que l'on voit ce juge se poser les bonnes questions. Même si dès le départ il sait ce qu'il va devoir juger et interpréter, la première moitié se borne à rappeler sa carrière d'avocat, ses relations avec sa femme puis celles avec les juges qui l'accompagnent dans ce procès.
Vient enfin, le personnage le plus percutant, Drazen, jeune homme de 20 ans, ayant déjà une famille à charge, il est serbo-croate mais s'engage dans l'armée serbe afin que sa solde puisse nourrir sa femme et sa fille. C'est à travers lui que l'on va se rendre compte de toute l'ampleur de ce conflit.
C'est un personnage qui n'aurait jamais dû entrer dans les rangs de l'armée serbe. Il aime son pays et comme tant d'autres soldats enrôlés, pour lui, serbes et croates sont frères. Ce conflit ne peut pas durer éternellement. C'est impossible.
Mais la réalité va vite prendre le pas et Drazen va être embrigadé dans des situations qui vont le dépasser. Ne pas vouloir rester de côté, ne pas défier les autorités pour ne pas mourir. Devoir faire des choix qui ne sont pas les siens. Des choix qui le dépassent. Des choix qui le meurtrissent. Des choix qui rendent la lecture tellement dure au fur et à mesure que l'on progresse; des choix qui font monter le stress, la tension, l'envie de voir cet homme garder cette once d'humanité qu'il se refuse de perde. Quoi qu'il puisse en coûter. Mais tout en restant en vie, pour sa famille.
Ce roman m'a cruellement fait penser à un autre roman que j'ai lu il y a quelques mois "Ostland" et qui portait sur le même problème de l'obligation d'obéir à des ordres donnés alors même qu'ils vont à l'encontre de ce que le personnage souhaite. Comment prendre les bonnes décisions ? Comment se mettre à la place de ces hommes ? Comment peut-on les juger alors même qu'il serait tellement difficile de savoir comment nous nous aurions réagi ?
Le seul bémol que je regrette avec ce roman est de ne pas avoir eu le procès à proprement parler. C'est ce que j'attendais de ce titre et en fait l'auteur n'en fait rien. On ne participe pas du tout aux débats. Je trouve cela dommage parce qu'il aurait très bien pu faire une narration tout aussi poignante à travers ce procès en gardant l'alternance des voix pour que l'on vive à travers chaque personnage ces évènements alors même qu'il a choisi de l'occulter.
Mis à part ça, Comme si j'étais seul est un roman qui fait beaucoup réfléchir et qui met en émoi le lecteur. Difficile de rester de marbre face à ce qu'ont vécu Dirk et Drazen. Même si j'ai trouvé le début un peu long et plutôt froid (surtout à travers la narration de Dirk), petit à petit on entre dans le vrai problème et cela devient très oppressant tant on ressent l'humanité de certains et le mépris voire même l'indifférence des autres.
Mon avis :
J'avais tout juste 20 ans lorsque la guerre de Yougoslavie a eu lieu. Je me rappelle brièvement de ce conflit et des massacres perpétrés à Srebrenica. Pour autant, le nom de cette ville n'est jamais sortie de ma mémoire...
Du coup, lorsque j'ai vu ce titre au programme des Editions HC, je n'ai pas pu m'empêcher de vouloir le découvrir. Malgré l'horreur. Malgré tout ce que j'allais devoir affronter.
Ce roman est court. Tout juste 200 pages.
La narration a trois voix permet de faire le constat amer de tout ce qui n'a pas été fait pour empêcher ce génocide. Ces civils qui n'ont rien demandé, qui ont été pris à partie et que personne, finalement, n'a protégés.
On démarre avec un soldat de l'ONU revenu chez lui et forcément pas dans la meilleure des formes. Mais même si on pense savoir ce qu'il a vécu, on est très loin d'imaginer à quel point ce conflit, pour les soldats de l'ONU, a pu être marquant. C'est à travers Dirk que l'on va comprendre ce qui s'est passé ou pas dans les rangs de cette armée sensée protéger la population bosniaque. Et plus on avance, plus on se dit qu'il n'est pas possible que la communauté internationale ait pu réagir de la sorte...
Vient ensuite Roméo Gonzalez, juge au TPI (Tribunal Pénal International) de La Haye. Fraîchement promu, il voit là une consécration à sa carrière d'avocat. Il a atteint son but ultime mais voilà il doit juger un soldat serbe ayant commis des meurtres atroces dans le rang des civils mulsumans bosniaques.
J'avoue que c'est la partie qui m'a le moins accrochée parce qu'il faut attendre quand même la moitié du bouquin pour que l'on voit ce juge se poser les bonnes questions. Même si dès le départ il sait ce qu'il va devoir juger et interpréter, la première moitié se borne à rappeler sa carrière d'avocat, ses relations avec sa femme puis celles avec les juges qui l'accompagnent dans ce procès.
Vient enfin, le personnage le plus percutant, Drazen, jeune homme de 20 ans, ayant déjà une famille à charge, il est serbo-croate mais s'engage dans l'armée serbe afin que sa solde puisse nourrir sa femme et sa fille. C'est à travers lui que l'on va se rendre compte de toute l'ampleur de ce conflit.
C'est un personnage qui n'aurait jamais dû entrer dans les rangs de l'armée serbe. Il aime son pays et comme tant d'autres soldats enrôlés, pour lui, serbes et croates sont frères. Ce conflit ne peut pas durer éternellement. C'est impossible.
Mais la réalité va vite prendre le pas et Drazen va être embrigadé dans des situations qui vont le dépasser. Ne pas vouloir rester de côté, ne pas défier les autorités pour ne pas mourir. Devoir faire des choix qui ne sont pas les siens. Des choix qui le dépassent. Des choix qui le meurtrissent. Des choix qui rendent la lecture tellement dure au fur et à mesure que l'on progresse; des choix qui font monter le stress, la tension, l'envie de voir cet homme garder cette once d'humanité qu'il se refuse de perde. Quoi qu'il puisse en coûter. Mais tout en restant en vie, pour sa famille.
Ce roman m'a cruellement fait penser à un autre roman que j'ai lu il y a quelques mois "Ostland" et qui portait sur le même problème de l'obligation d'obéir à des ordres donnés alors même qu'ils vont à l'encontre de ce que le personnage souhaite. Comment prendre les bonnes décisions ? Comment se mettre à la place de ces hommes ? Comment peut-on les juger alors même qu'il serait tellement difficile de savoir comment nous nous aurions réagi ?
Le seul bémol que je regrette avec ce roman est de ne pas avoir eu le procès à proprement parler. C'est ce que j'attendais de ce titre et en fait l'auteur n'en fait rien. On ne participe pas du tout aux débats. Je trouve cela dommage parce qu'il aurait très bien pu faire une narration tout aussi poignante à travers ce procès en gardant l'alternance des voix pour que l'on vive à travers chaque personnage ces évènements alors même qu'il a choisi de l'occulter.
Mis à part ça, Comme si j'étais seul est un roman qui fait beaucoup réfléchir et qui met en émoi le lecteur. Difficile de rester de marbre face à ce qu'ont vécu Dirk et Drazen. Même si j'ai trouvé le début un peu long et plutôt froid (surtout à travers la narration de Dirk), petit à petit on entre dans le vrai problème et cela devient très oppressant tant on ressent l'humanité de certains et le mépris voire même l'indifférence des autres.
Je suis partagée, j'ai envie mais tu n'es pas 100% enthousiaste, donc...
RépondreSupprimerPour ma part, je suis convaincue, je vais l'ajouter à ma wish! Merci pour la découverte :)
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