lundi 7 juin 2010

Si c'est un homme

Auteur : Primo Levi
Editions : Pocket (1988)
Nbre de pages : 314
Quatrième de couverture :
"On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce.
C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les mots aux vivants, elle n'est que futilité." - Angelo Rinaldi

Mon avis :

Voilà un ouvrage que je souhaitais lire depuis belle lurette mais jamais je me décidais à l'ouvrir. La peur de lire encore un ouvrage trop poignant où la mort, la haine vous mettent mal à l'aise. C'est "grâce" au challenge de Livraddict que j'ai décidé de franchir le cap et je n'ai qu'un mot à dire : Merci beaucoup Monsieur Primo Levi !

Oui merci pour cet ouvrage sobre de toute haine, de toute rancoeur et vengeance.
Pour comprendre pourquoi le livre traite de l'holocauste d'une façon toute exceptionnelle, il convient de lire l'appendice qui se trouve en fin d'ouvrage et dans lequel l'auteur explique que tel n'est pas son caractère d'être colérique, de chercher à se venger.

Si c'est homme a vu le jour parce que Primo Levi souhaitait laisser un témoignage sur ce que certains hommes avaient fait subir à d'autres. L'ensemble donne un opus poignant sans être pathétique. C'est du très beau dans l'horreur vécu.

Grâce à l'auteur, et pour la première fois depuis que je lis ce genre d'ouvrage, je n'ai ressenti aucune animosité ou cruauté envers les nazis. Je n'accepte toujours pas ce qui s'est passé dans ce Lager, comme dans tous les autres, mais je l'ai "vu" d'une façon très différente cette fois-ci.

Il nous fait "vivre" cette vie à Monowitz, un camp rattaché à Auschwitz qui pouvait contenir 12000 personnes, de 1943 à 1945, lors de la libération du camp par les russes.

L'ouvrage est ponctué d'anecdotes et de réflexions qui ne nous laissent pas indifférents. On y rencontre les relations de Primo Levi dans le Lager et ce qu'il en pense; il nous explique aussi les différentes façons de passer le moins de temps possible dehors à travailler pendant la période hivernale (notamment en parvenant à entrer au KB (abrévation de "Krankenbau" : infirmerie)...

Après sa lecture, comme tant d'autres d'ailleurs, on se demande comment ces hommes (ici point de femmes et d'enfants) ont pu poursuivre leur vie après ces horreurs.

En bref, c'est un témoignage troublant mais qui nous permet de le lire sans trop d'appréhension et d'avancer sans trop de mal dans sa lecture.

Quelques extraits piochés au passage pour vous rencontre compte tant de l'écriture que de la façon dont Primo Levi nous raconte ce terrible moment de sa vie :
C'est justement parce que le Lager est une monstrueuse machine à fabriquer des bêtes, que nous ne devons pas devenir des bêtes; puisque même ici il est possible de survivre, nous devons vouloir survivre, pour raconter, pour témoigner; et pour vivre, il est important de sauver au moins l'ossature, la charpente, la forme de la civilisation. Nous sommes des esclaves, certes, privés de tout droit, en butte à toutes les humiliations, voués à une mort presque certaine, mais il nous reste encore une ressource et nous devons la défendre avec acharnement parce que c'est la dernière : refuser notre consentement(...) (p. 57)
La vie au K.B. est une vie de limbes. Les désagréments matériels y sont relativement limités, mis à part la faim et les souffrances dues à la maladie. Il ne fait pas froid, on ne travaille pas, et à moins de commettre quelque grave manquement, on n'est pas battu. (p. 72)
La vie au K.B., ce n'est rien de tout cela. Ce ne sont ni les moments cruciaux de la sélection, ni les épisodes grotesques du contrôle de la diarrhée et du dépistage des poux, ni même les maladies.
Le K.B., c'est le Lager moins l'épuisement physique(...) (p. 80)

3 / 5

11 commentaires:

  1. C'est en effet un témoignage poignant et surtout révélateur du comportement des prisonniers entre eux.

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  2. Il fait partie, me semble-t-il, des récits à avoir lus, absolument... Un témoignage qui "prend aux tripes"...

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  3. Je viens de lire La vie Balagan, aussi un témoignage, et là c'est côté femme.
    Tu peux lire aussi La trêve de Primo Levi, une suite en quelque sorte

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  4. Il est dans ma bibliothèque depuis très longtemps (au moins cinq ans), mais je n'avais pas le courage de le lire. Avec ton avis, je me dis que je passe à côté d'un grand livre et j'ai envie de m'y plonger...

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  5. Je le note. Il m'a l'air intéressant.

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  6. Il me semble que je l'ai dans ma PAL ! Ton avis me donne vraiment envie de me pencher dessus !

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  7. un témoignage poignant que je ne pourrais jamais oublier. Un livre à connaitre.

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  8. C'est LE témoignages littéraires le plus poussé et le plus précis sur l'horreur concentrationnaire nazie. Lecture dure mais oh combien essentielle!

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  9. C'est un des premiers témoignages sur l'expérience concentrationnaire et l'un des plus forts ! On est toujours surpris par l'absence de haine et de rancœur de la part de Primo Levi vis-à-vis de ses tortionnaires ... Un livre fondamental pour l'objectivité de son témoignage !

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  10. Un témoignage que chacun devrait avoir lu...

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