vendredi 21 novembre 2014

Mauvais garçon

Auteur : Laurent Bettoni
Editions : Don Quichotte (2014)
Nbre de pages : 304
Prix : 18,90 €

Présentation de l'éditeur :
Meilleur élève de sa promo et diplômé en sociologie et philosophie politique, Thomas, 23 ans, se voit refuser stages en entreprise et emplois auxquels il postule. D'autres lui passent devant, moins compétents mais mieux nés, des « fils de » qui disposent de réseaux d'entraide dont Thomas est privé. Alors, en attendant de décrocher un vrai boulot qui lui permettrait de vivre une vie décente aux côtés de sa petite amie, Thomas bricole avec les gars de la cité, deal et autres matos tombés du camion, tout en aiguisant sa rancoeur. Si rien ne bouge, Thomas risque de prendre perpète en HLM : « horizon lointain limité » et de crever lentement dans sa cage de béton. Jusqu'au jour où son directeur de soutenance, Louis Archambault, star médiatique des sociologues politiques, lui propose de venir l'aider à gérer Ideo, un site d'opinion qu'il dirige anonymement sur le Darknet...


Mon avis :

Si le nom de l'auteur vous dit quelque chose, c'est normal. Il y a quelques mois, ce même Laurent Bettoni publiait un ouvrage très différent, que j'avais a-do-ré et dont j'attends bien sûr la suite avec impatience : Arthus Bayard et les maîtres du temps.

Vous en conviendrez, Arthus Bayard et Mauvais garçon sont diamétralement opposés et cela me bluffe à chaque fois qu'un auteur réussit à faire des intrigues aussi prenantes que ce soit dans le jeunesse que dans le contemporain coup de poing.

Mauvais garçon c'est l'histoire de Thomas, 23 ans, qui malgré un brillant cursus scolaire et universitaire ne parvient pas à décrocher le boulot tant convoité. Parce qu'il ne fait pas partie de l'élite. Il est le simple fils d'une famille très modeste. Mais Thomas a la hargne et il compte bien se sortir de ces HLM qu'il exècre. De tout ce qui a fait sa vie jusque là.

La première chose qui m'a perturbée lorsque j'ai commencé ce roman, c'est le style qu'utilise l'auteur. On évolue dans une cité et Laurent Bettoni met tout en oeuvre pour que le lecteur ne l'oublie pas : mots vulgaires, termes particuliers pour évoquer la drogue, les deals, mots en verlan aussi. Bref, on sait, dès le début, la situation de Thomas et où il évolue.

Si cela m'a beaucoup dérangée lorsque j'ai commencé le livre, je dois avouer que ce choix ne pouvait pas être différent. Pourquoi vouloir fermer les yeux sur une société qui, malheureusement, est telle que décrite ici.

Certes, nous sommes dans une histoire purement inventée mais si l'on y réfléchit et quand on voit comment évolue Thomas, on se dit aussi que la réalité n'est peut-être pas si éloignée de la fiction décrite.

Laurent Bettoni met en exergue cette difficulté de trouver un travail dans les hautes sphères patronales pour un jeune homme sorti tout droit de la cité et les dérive que cela engendre.

L'exclusion le met de plus en plus en colère; le rejet systématique et le sentiment d'injustice qu'il ressent (et que je peux comprendre) le poussent à franchir une ligne qui va l'emporter dans un monde "parallèle", lui démontrant les travers de notre société et ce qu'il faut faire pour la purger des mauvaises graines.

Thomas est le type de jeune homme qui se cherche, qui veut le meilleur pour lui et sa famille et qui se retrouve dans un engrenage infernal alors qu'il ne le voulait pas au départ. C'est une véritable descente aux enfers que j'ai lu quasiment d'une traite parce que l'on s'attache à Thomas, parce que l'on se dit que cela ne peut pas mal finir pour lui, parce qu'on espère qu'il va ouvrir les yeux et qu'il ne peut pas définitivement partir à la dérive.

La plume est certes un peu cliché compte tenu de l'environnement dans lequel on évolue mais elle est aussi très addictive. Les thèmes abordés, eux, ne doivent pas être pris à la légère, étant donné la vie que l'on mène aujourd'hui et les difficultés que chaque famille rencontre.

On ne peut pas en vouloir à Thomas d'avoir fait certains choix. On ne peut pas le culpabiliser non plus. On peut juste, malheureusement, le voir changer à cause d'une Société qui le refuse et c'est bien regrettable.

Merci aux éditions Don Quichotte et à Audrey pour la découverte de ce roman coup de poing que je conseille fortement et que je ne suis pas prête d'oublier.
Merci aussi à Laurent Bettoni pour sa gentille dédicace avec laquelle je suis tout à fait d'accord : Thomas est très différent d'Arthus mais il mérite, lui aussi, d'être connu.



4 commentaires:

  1. Malheureusement depuis l'aube de l'humanité, cela fonctionne de la même façon. Le milieu où l'on naît est déterminant à 90%...

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  2. Le résumé me tente bien et je le trouve d'ailleurs réaliste justement... Après je ne sais pas si je vais apprécier le style de l'auteur, il faudrait que j'essaie :) !

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  3. Il est vrai que je suis souvent surprise également par les multiples casquettes des auteurs, et je suis une grande admirative de cela ! Pour le titre Mauvais garçon, je dois dire qu'il me tente car comme tu le dit, c'est un fait de société, qui me révolte mais dont l faut parler.

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