mardi 23 septembre 2014

Le quatrième mur

Auteur : Sorj Chalandon
Editions : Le livre de poche (2014)
Nbre de pages : 329

Présentation de l'éditeur :
L'idée de Sam était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, petit théâtreux de patronnage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne...


Mon avis :

J'avais lu, en 2009, Une promesse de cet auteur et si le thème ne m'avait pas épargnée à l'époque vu que les décès se succédaient dans nos familles ou connaissances, je dois bien avouer, avec le recul, que j'en garde un bon souvenir, surtout pour la plume poétique de l'auteur.

Du coup, lorsque l'on m'a proposé divers titres à lire chez Le Livre de Poche, je n'ai pas hésité dans mon choix. C'était Chalandon avec son Quatrième mur.

J'avais quand même lu le résumé, histoire d'être sûre de ne pas faire fausse route. Mais, tout me laissait croire que ma lecture allait me plaire.

J'ai commencé cet ouvrage dimanche pour le terminer ce lundi après-midi. Autant dire qu'il n'a pas fait long feu et pourtant je peux vous assurer que des émotions j'en ai ressenties et que je n'ai pas été épargnée, surtout sur les 100 dernières pages.

La présentation de l'éditeur explique ce qu'il va en être sans que j'ai besoin de vous faire un nouveau petit topo. La seule chose que vous avez besoin de savoir c'est que ce qui tient lieu de résumé est indiqué par un autre personnage : Georges.

Sam et Georges se sont rencontrés il y a plus de 10 ans. L'un et l'autre se battaient pour des causes. En 1974, les violences faisaient rage. Georges, jeune étudiant, était porté par la colère, le refus de l'injustice qu'il voyait quotidiennement.

C'est Sam qui va lui apprendre que la colère n'amène rien et qu'en temps de guerre, rien ne vaut quelques heures de paix.

Monter Antigone dans un pays en guerre est un pari risqué mais qui tient ô combien à cœur pour Sam. Georges ne pourra pas aller contre l'envie de son ami, de son "frère", pour monter cette entreprise alors que Sam ne peut plus le faire lui-même.

N'allez pas penser que Le quatrième mur ne va parler que d'une pièce de théâtre au cœur du Liban. Car c'est beaucoup plus que ça.

On débute le livre en 1983, à Tripoli, alors que Georges est pris en embuscade. Quelques pages plus tard, nous sommes dix ans dans le passé et nous remontons le temps pour comprendre comment il en est arrivé à cette situation. La fin se passe là où commence l'ouvrage.

J'ai eu du mal, je l'avoue, à comprendre comment le livre était tourné. Je n'avais pas saisi que Sorj Chalandon allait faire une rétrospective de la vie de Georges et de Sam. Des rencontres qu'ils allaient faire, du lien qui allait les unir, de cette pièce que Sam s'entêtait à vouloir faire dans un pays en guerre.

Et puis, petit à petit que les choses se sont mises en place et que l'on en est venu à l'essentiel, j'ai accroché à l'histoire, au style mais pas à cette guerre.

J'ai beaucoup aimé ce que Sam essayait de faire avec Antigone et les acteurs qu'il avait choisis. C'est tellement beau et juste pour tenter de garder un moment de paix dans ces moments là.

Mais l'auteur ne nous épargne pas et nous fait revenir cruellement à la réalité avec des mots qui blessent, qui marquent à vie notre personnage parti dans un pays qu'il ne connaît pas, ni dans les religions, ni dans les enjeux.

Georges va évoluer d'une manière tellement tragique et pourtant si compréhensible.

Lorsque je fais l'analyse de ma lecture, de ma façon dont j'ai entrepris ce livre, je me dis que Sorj Chalandon m'a encore bousculée. J'étais obligée de faire des pauses pour respirer, digérer ce que j'avais lu.

Le quatrième mur n'est pas un roman que l'on prend pour se détendre. Je ne pensais pas qu'il allait être aussi fort dans les mots, dans les visions que l'auteur m'a montrées. On perd alors son innocence; on ne peut plus fermer les yeux sur ce qui se passe car même si cela se déroule en 1982 puis 1983, il ne faut pas oublier non plus que les relations entre Israéliens et Palestiniens ne sont toujours pas réglé aujourd'hui.

Ce livre est un roman brûlant d'actualité qui m'a ébranlée et que je ne suis pas prête d'oublier.

Merci aux Editions Le livre de poche pour cette découverte.

 

4 commentaires:

  1. Une histoire très prenante. Un beau récit. J'ai plutôt bien aimé mais sans en faire un coup de cœur cependant!

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  2. Tes impressions de lecture ressemblent aux miennes... éprouvant effectivement. ;) Et il y a ce style de l'auteur qui m'avait déjà gêné, un peu perdue dans un autre roman, ici on finit par s'y faire, et tout va mieux...

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  3. Je dois dire que je n'ai jamais été plus que cela attiré par ce livre, j'ai peur de ne pas y entrer, un je ne sais quoi me fait peur.

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  4. Un vrai coup de coeur, un livre qui m'a remué les tripes. Et quelle écriture !!!

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