Jumelles

Auteur : Saskia Sarginson
Editions : Marabout (2013)
Nbre de pages : 384

Présentation de l'éditeur :

Isolte et Viola sont jumelles. Inséparables dans leur enfance, elles sont aujourd’hui des adultes très différentes : Isolte est rédactrice dans un magazine de mode et partage la vie d’un photographe en vue ; Viola, détruite par l’anorexie, se consume peu à peu sur un lit d’hôpital. Les deux sœurs se parlent à peine. Pourquoi leurs chemins ont-ils pris des directions si différentes ? Quelle tragédie les a séparées ? Alors qu’elles tentent de démêler les fils du souvenir d’un été enfoui dans leur mémoire, les terribles secrets de leur passé remontent à la surface, menaçant de bouleverser leurs vies à jamais.


Mon avis :

Après avoir lu le résumé de ce livre, je l'ai entamé avec deux sentiments contraires : l'angoisse de ce que j'allais découvrir et la curiosité qui vous pousse à vous pencher sur une histoire dont vous savez dès le départ qu'elle va vous toucher, vous bouleverser. J'étais à la fois anxieuse et excitée de lire ce premier roman de l'auteur.

Je n'avais aucune appréhension, aucune idée préconçue sur Jumelles puisque, pour le moment, aucun avis dessus n'était tombé sur la blogosphère. J'étais seule face à cet ouvrage, interrogative et trouvant mon rythme trop lent tant je voulais savoir ce qui avait bien pu séparer deux soeurs jumelles.

Je vous avouerai que le début n'a pas été facile. Malgré une écriture simple et totalement dénuée de sentimentalisme, j'ai eu du mal à entrer totalement dans cette narration. Au départ, je cherchais qui racontait quoi.

En effet, l'ouvrage mêle présent et passé et chaque moment est raconté par une personne différente. Si Viola nous narre ce qu'il s'est produit pendant leur enfance, durant l'année 1972, c'est un narrateur omniscient qui parle en 1987, date où se passe l'histoire.

J'avais cru au départ qu'il y avait même 3 narrateurs, Viola, Isolte (la jumelle) et un narrateur omniscient mais ce n'est finalement pas le cas et c'est tant mieux.

Du coup, lorsque deux narrations se chevauchent dans un même chapitre (surtout au début), il me fallait un petit temps d'adaptation pour tout mettre en place et que j'arrive à me situer dans le temps et l'histoire.

Du point de vue de l'histoire elle-même, j'ai été profondément touchée par ce qui s'est passé dans les vies de Isolte et Viola. Gamines sans père, cherchant à trouver qui est l'absent alors même que leur mère se refuse à toute explication dessus, elles vont vivre une enfance somme toute heureuse et libre de toute contrainte. Leur mère, en effet, voit l'existence d'une façon non conventionnelle et réglementée. Elle vit hors de toute communauté et elle explique à ses filles que rien ne vaut la liberté.

Mais alors qu'a-t-il bien pu se passer pour que tout se déchire dans cet endroit du Suffolk où tout aurait dû être parfait ? Pourquoi Isolte et Viola, tant d'années après, ne se parlent quasiment plu ? Pourquoi Viola est-elle tombée dans l'anorexie ?

Autant dire qu'il faut du temps pour que l'on apprenne tout ce qui a entraîné la chute libre de cette famille. La famille Love. Un joli nom. De jolies filles. Des vies bouleversées à jamais.

Je n'ai pas forcément ressenti d'empathie pour la mère ou ses filles, même si j'avoue avoir eu une nette préférence pour Viola. Cette préférence n'est pas seulement dictée par la maladie mais parce qu'au fur et à mesure que l'on progresse dans l'ouvrage, on apprend à la différencier de sa soeur et là mon choix s'est fait. Inéluctablement.

Je ne dis pas que le personnage de Isolte n'est pas à apprécier et que les choix qu'elle a faits n'étaient pas dictés par l'amour qu'elle portait à sa soeur mais ce qu'elle a fait, même à la fin, ne m'a pas plu. C'était la plus forte des deux soeurs. Elle le savait et même à l'âge adulte, elle en profite (même si je trouve le terme peu adapté et un peu fort tenant les circonstances). C'est souvent le cas en matière de gémellité : il y a toujours un frère ou une soeur qui prend l'ascendant sur l'autre.

Ce sujet est un des rares qui me tient à coeur parce que les jumeaux sont tellement différents et en même temps identiques. On dit qu'ils peuvent ressentir ce que l'autre vit, perçoit. Cela en fait des êtres exceptionnels, je trouve, et dans l'histoire de Isolte et Viola j'aurais aimé que cela tourne autrement.

La fin m'a soulagée alors que je m'attendais au pire. Même si du point de vue relationnel, le lecteur n'est pas sûr que tout s'arrange entre ces deux jeunes femmes.

En bref, Jumelles est un roman qui m'a plu, même s'il n'est pas un coup de coeur. On découvre deux soeurs très différentes qui ont une histoire difficile à raconter. Il faut savoir se poser, les écouter et souffrir avec elles.

Un grand merci à