Auteur : Robert Domes
Editions : La Belle Colère (octobre 2017)
Nbre de pages : 346
Présentation de l'éditeur :
Allemagne, 1933. Ernst Lossa vient d'une famille de Tziganes. Les services sociaux l'arrachent à sa famille et le placent dans un orphelinat. Là, le jeune enfant se débat entre les promesses de revoir ses parents et la difficile adaptation à son nouvel environnement. Quoi qu'il fasse, il est jugé comme un enfant à problèmes car ce qui plane sur lui, c'est le regard des adultes qui le jugent " issu d'une race inférieure ". Il sera transféré plusieurs fois d'institution en institution, jusqu'à être interné dans un hôpital psychiatrique. Commence alors son court voyage vers la mort. Cet enfant, parfaitement sain de corps et d'esprit, gentil, résilient, ne pourra jamais comprendre cette grande faute qu'on lui reproche.
Après des années de recherches, Robert Domes tisse sur son destin et en son hommage un récit aussi beau que poignant, qui illustre parfaitement une face peu connue de la nazification des esprits dans l'Allemagne des années 1930. Un scandale historique qui aura été largement ignoré à Nuremberg, comme un dossier perdu dans les ténèbres de la Seconde Guerre mondiale.
Mon avis :
Ce roman est arrivé spontanément dans ma boîte aux lettres mais vu le thème dont il était question j'étais à la fois ravie et un peu angoissée de lire cette biographie d'un enfant de 14 ans, assassiné par les nazis pendant la guerre.
J'ai lu ce livre en un peu plus d'une journée. Une journée durant laquelle j'ai été aux côtés de Ernst pendant dix années.
Dix ans où il va être ballotté d'orphelinat, en maison de correction puis en hôpital psychiatrique.
Dix ans où il aura l'espoir que son père vient le récupérer un jour ou l'autre.
Dix ans durant lesquels, nous lecteur, savons qu'il ne sortira pas vivant des murs de l'hôpital.
Pourtant, loin d'être Tzigane, Ernst Lossa était d'une famille Yéniche mais le statut de commerçant ambulant de son père, les classera dans une catégorie à éliminer. Ernst n'aura aucune chance.
Cette chance tourne d'ailleurs le jour de ses quatre ans alors que son père est absent du domicile et sa mère très malade. Les conditions de vie sont telles que les services de l'enfance sont appelés pour récupérer les enfants Lossa.
Ernst est l'aîné et sera le seul à être assassiné. Ses deux soeurs auront permis à l'auteur, grâce à leurs témoignages, d'apporter une certaine lumière sur ce qu'il s'est passé dans leurs vies.
Je n'ai pas vraiment envie de vous dire comment était Ernst. Il faut vraiment le découvrir par vous-même. Mais d'un petit garçon très vif et affectueux, il est aussi doté d'un caractère indépendant, ne se laissant aucunement dicté sa conduite. Le larcin fait aussi partie de lui...
C'est tout ce que vous saurez de ce garçon que j'ai beaucoup aimé découvrir à travers une écriture qui était loin de me laisser larmoyante ou le coeur serré.
Robert Domes a parfaitement dosé son écriture dans un ouvrage extrêmement sensible et même si certains passages sont durs, l'ensemble, d'une certaine manière, permet au lecteur d'endurer ce calvaire avec plus de facilité que prévu.
Je ne m'attendais pas du tout à le lire aussi facilement, sans avoir la gorge nouée et les larmes aux yeux.
La façon dont les nazis "l'euthanasie" est tout simplement indigeste. Ernst était un gamin de liberté, qui ne rêvait que de liberté avec son père, ses soeurs. Les petits vols qu'il faisait n'étaient pour lui que minimes et représentaient des trésors qu'il ne pouvait pas obtenir autrement.
Mais aux yeux des nazis, il était un "inéducable", un "asocial". Son avenir était tout tracé...
Si vous êtes comme moi et que vous avez envie de découvrir un nouvel ouvrage sur cette période bien sombre de l'Histoire, vous pouvez largement vous pencher sur le cas d'Ernst Lossa. Sa biographie menée comme un roman par l'auteur est terriblement bien écrite et organisée. Vous suivrez Ernst pendant 10 ans. Vous apprendrez à le connaître et vous vous y attacherez sans le vouloir.
Le plus dur sera juste lorsque vous fermerez ce livre. Alors même que je n'avais pas versé une larme pendant ma lecture, lorsque je l'ai eu terminée et que j'ai repensé à tout ce qu'il avait vécu pendant une décennie, je n'ai pas pu me retenir. Mon coeur de maman a pleuré.
En bref, La brume en août est une biographie sublime pour que le cas Ernst Lossa soit connu du plus de grand nombre parce que son seul défaut était d'être Tzigane.
Les Editions La Belle Colère éditent des romans percutants et La brume en août ne fera pas exception.
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